DEPUIS LE 6 OU A PARTIR DU 14

En écoutant d’une oreille Henri Bauchau né en 1913 mort il y a quelques mois .Soudain je me demande ce que sera ma voix quand je serai bien plus vieille.

Pour parler de cette dernière semaine: Quoi, quelle image vient en premier? Le type qui chante seul et dans une langue inconnue dans le métro? Le grand décharné avec son manteau à carreaux comme un personnage d’après guerre. En parlant de guerre, deux types se parlaient dans le métro encore, et l’un demande à l’autre:

—” 1918, c’est la première ou la deuxième guerre”?

Tu le crois ça? me dis-je à moi.

Je suis toujours désarmée quand j’entends ce type de chose.

Bauchau à l’instant dit “perdre l’esprit”. C’est une belle expression.

Oui les transports en commun. Le bus hier et la fille qui confond un peu avec sa salle de bain, se démaquille avec un de ces cotons ronds , et le jette par terre au milieu quand elle a fini la phase nettoyage, et avant d’attaquer le maquillage.

Non, mais comme image, qu’y a t’il en premier?

Le café Nostradamus à Turin, le premier café où j’ai bu un capuccino à mon arrivée? Oui . Il n’ a rien de particulier dirait-on. Mais si. Justement. Ces endroits ressemblent si peu aux nôtres!. Puis Turin est une ville délicieusement désuète. J’aime énormément, ces galeries qui courent et qui abritent, ces vitrines provinciales, les apéritifs, et les places. C’est très beau Turin. Je n’en connais que le centre et le Lingotto, ex-usine Fiat. Là on aperçoit un portrait de Pavese. J’achète un livre d’Italo Calvino en Italien -La memoria del mondo-dans une librairie immense et sans âge face à la gare Porta Nuova. Ily a même des livres Français qui viennent d’outre- tombe.

Poussièreux. Il y a aussi une antiquité: ” Lorenzo Sterne”. Héhé.

Et puis un homme à chapeau et pardessus parle à un autre assis. Oui c’est l’idée que j’ai d’une librairie du 19 eme siècle.Ou même du barbier avec ses chaises alignées et des visiteurs qui lisent le journal. Des petits rituels de “passeggiata“. Turin emmène vers le passé. Son cinéma Lux ( celui de Fellini dans les nuits de Cabiria s’appelle Lux comme tous les cinémas je suppose, comme tous les Hôtels des voyageurs, Hôtels modernes, Bar des Amis, Pied mignon,Dames de France, et Ciseaux d’or pour les commerces qu’on devine. Bref.Le Bon travailleur est aussi un classique pour vêtements de travail…

Ma chambre est modeste. Un hall, des gens souriants, un grand escalier démodé avec une sorte de nymphe drapée qui porte une lampe. Premier étage mais on dirait trois.

Cette chambre est très propre, rien au mur, une cellule en somme et j’adore cela. Je n’en dirais pas autant de la vue sur rien, qui me fait penser à cette nouvelles de Edith Warton, heu… Mrs quelque chose. Elle reste tout je jour assise près de la fenêtre et se réjouit d’un paysage médiocre…

Je pose mes affaires et mon intention est d’aller vers le Palazzo Madama. Il y a du soleil. Je m’installe sur un banc. C’est délicieux. Puis je marche, je marche, enregistre une voiture publicitaire ( à chaque fois je me dis “mais ça existe encore”, avec son haut-parleur etc.. ) Je vais jusqu’au Po. Décidément j’aime toujours autant l’Italie. Même si le Piemont n’est pas Naples, Turin me plait énormément. Comme m’a déplu Milan… Mais c’était il y a longtemps.Vers 17h tout le monde est dehors. Il fait si doux… Je marche , je marche et en revenant à l’hôtel rencontre N et C qui arrivent de la gare. Les accompagne de Porta Susa à Porta Nueva. Le hall de leur hôtel est dans le genre vieillot aussi. Nous filons au Lingotto. Petites complications pour trouver “l’Oval” mais c’est bon… Les caisses, le matériel. On installe. En face, un type ponce pendant des heures un socle et ça m’énerve.

On se retrouve dans le noir, à l’autre bout du monde car on ne voit pas qu’il y a le métro a deux pas. Tant mieux, on s’échoue dans une trattoria-que des mecs qui regardent le foot. On commande des pizzas et on lorgne sur ce qu’a choisi la table de 10 hommes à côté. Ca à l’air super bon.

C’est la pizza au mètre.

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