MARCH LIFE

C’est dur de travailler et pourtant. Je rêvasse et c’est agréable mais ça ne me donne pas la construction de l’émission , ni les dessins à l’échelle pour le décor. J’écoute Nick Cave, Monteverdi, je regarde mes oiseaux, je bois du Nescafé, j’en fais du vrai et mange du chocolat, ne fais aucun sport / C’est ça la cata/ Mon pied est toujours bleu et douloureux suite à cette entorse. Et hier j’ai chanté aux Artistes avec Viviane. J’ai été raisonnable et suis rentrée passablement tôt.

Quelquefois la maison est une petite collectivité passagère. J’aime bien. Les tabourets sont empilés. On parle et surtout on rit. Ca n’empêche pas de penser à R. et peut être un peu plus en ce moment.

Laver une chemise blanche et un pull gris.

Ce matin je regarde ce qui se passe à l’institut Italien. Zut Magris, c’est complet . E je m’inscris pour l’expo autour de Italo Calvino.

Je regarde John Smith. J’aime bien. Il y a du soleil. On se téléphone.

Faut que je me rase la boule mais la tondeuse a claqué. Faut que je travaille. Faut que je travaille….

Ginzburg traine, Le privé à Babylone traine, des chaussettes sèchent, Kant traine, Boucheron traine, mes affaires sont en boule au pied du lit et ça a été une nuit fenêtre entrouverte. J’adore.

Il est horrible ce lapin de Pâques.

NOTE / John Smith

Front

« Dans The Girl Chewing Gum, une voix autoritaire semble diriger l’action d’une rue animée de Londres. Alors que les instructions deviennent de plus en plus absurdes et fantaisistes, nous prenons conscience que le metteur en scène supposé (pas celui de la séquence) est fictif ; il ne fait que décrire ; il ne prescrit pas les événements qui se déroulent devant lui. Smith investit le spectre de la narration (proscrit par le film structurel) pour faire rebondir les mots face aux images, le hasard face à l’ordre. Précis et direct, ce film préfigure les scénarios plus élaborés, plein d’humour, aux niveaux multiples, drolatiques mais aussi sérieusement et poétiquement hantés par le fantôme indéracinable de la dramaturgie. »
(A.L. Rees, A Directory of British Film & Video Artists, 1995)

John Smith est né à Londres en 1952, et a étudié le cinéma au Royal College of Art. Depuis 1972, il a réalisé plus de cinquante films ou installations vidéo, qui ont été montrés au cinéma, à la télévision, dans des galeries d’art à travers le monde et ont remporté de nombreux prix en festivals. Les films de John Smith sont connus pour leur ingéniosité formelle, leur esprit subversif et leur narration étonnante. Initialement inspiré par l’art conceptuel, mais aussi fasciné par la puissance du récit et de la parole, John Smith propose des oeuvres souvent enracinées dans la vie quotidienne, qui brouillent les frontières entre le documentaire et la fiction.

C’est reparti Nicole / france-culture/

Nicole Stephane et moi à Argenteuil

 

Je ne sais pas… Personne ne sait .
—“Qu’est ce que vous me racontez, Hélène?”
Je vous écrirai, ou bien vous. On verra comment se présentent les choses… On suivra nos destins.

“Mon destin, comme vous dites , est un peu fatigué… C’est le moins que l’on puisse dire. Mais attention, j’espère qu’il ne manque pas d’allure! Donc vous m’écrirez en premier… Vous me laisserez un peu de temps pour m’installer là-bas, et puis vous m’écrirez. ”
Mais d’habitude c’est celui qui part qui écrit, vous savez bien.
“Bon et bien justement, on va changer tout cela. On inverse. Je pars là-bas, vous me laissez le temps de m’installer, et vous m’écrivez.”
Ou le contraire.
“Le contraire ?”
Oui. Le contraire. Je pars là-bas en premier, vous me laissez le temps de m’installer et vous m’écrivez…

“Je n’y comprends plus rien!”
Moi non plus!
“Mais on voit bien ce dont on parle!!”
Absolument.
De toutes les façons, Nicole, mettons nous d’accord nous nous écrirons après notre mort… … ?

D’accord

BABYLONE M’ATTIRE et LA PLUIE

Guernica déformé

Apres midi décor et déjeuner dans la cuisine. Ca se passe bien. On commence à y voir plus clair. Je n’ai pas du tout envie de travailler néanmoins/ Babylone/ Babylone mais non, mais non !!!  et la paperasse encore moins. Puis en Uber jusqu’au musée Picasso pour l’exposition Guernica. Première sortie in the monde !!!.Champagne.. Trop… Mais Top.

—Une jeune femme blonde lui demande: Ou sont vos oeuvres?

J’aperçois Pierre Buraglio là-bas, Laurent Le Bon fait un discours drôle , ou drôle malgré la sono deg. Je parle avec le couple Toubon qui me tutoie direct et Patrick de Carolis renouvelle son invitation. Eh, c’est pas des mondanités ça??. Ceci étant dit, c’était sympa et pas « le bal des monstres » comme parfois.

Le dernier dessin de l’expo c’est le mien: Je n’aime pas tellement Guernica

Notes Schulz

Lorsque mon père étudiait de gros manuels d’ornithologie et feuilletait des planches coloriées, il semblait que ces fantasmes emplumés s’envolaient entre les pages pour venir peupler la pièce de leur battement d’ailes bigarré, flocons de pourpre, lambeaux de saphir, de cuivre et d’argent. Pendant qu’il les nourrissait, ils formaient sur le sol une plate-bande ondulante, un tapis vivant qui, quand quelqu’un entrait par mégarde, se disloquait, s’éparpillait en fleurs mouvantes et voletantes pour finalement s’installer dans les hauteurs de la chambre.

 

Hier Beaux-arts. Assez ennuyeux. Beaucoup d’absents, ou de morts vivants sauf exceptions. Ca roupille. Je vais quand même pas leur donner des amphet!!!!

L’entorse à la cheville se calme mais pied bleu et bobo quand même.

Aller à Madrid. Après le décor, après Nicole avant l’été

Les joyeux malheurs d’un matin

L’autre jour en sortant des beaux arts avec V. Photo pour AM à Bogota

 

 

Chère Hélène, 

Je lisais D’ormesson se promenant à Rome et je pensais à vous ..
Venant de ma part vous ne pouvez le prendre que bien ! ahah
Comment allez-vous ?
D.
C’est sympa qu’un étudiant pense à vous !!!. A cause de Rome j’espère et pas de d’Ormesson!!!
Beaucoup de posts privés en ce moment. Ben ou, parfois ////
Ce matin allergie à l’oeil, saigne du nez et … je me tords le pied dans un trou du trottoir. Ca fait un bruit grinçant et ça fait super mal. Glace et grimace.
Wa ça fait mal. On va être deux à boiter.

RETROUVÉ

J’avais oublié:

« Cher Maître,
 J’accomplis ici le vœu d’une morte qui vous a étrangement aimé. Elle m’a fait jurer de vous faire parvenir, le lendemain de sa mort, la peau des belles épaules que vous avez si fort admirées « le soir des adieux, » a-t-elle dit, et son désir est que vous fassiez relier, dans cette peau, le premier exemplaire du premier ouvrage de vous qui sera publié après sa mort.

Je vous transmets, cher Maître, cette relique comme j’ai juré de le faire et je vous prie d’agréer…
Docteur V… »
 « J’avais admiré, en effet, ces superbes épaules le soir des adieux, raconta l’auteur des Merveilles célestes dans une interview, et je les avais là, maintenant, sur le bureau de ma salle à manger, m’inspirant d’autres sentiments.

Que faire du cadeau ? Le renvoyer ? J’en avais bien la tentation. D’autre part, après réflexion, pourquoi ne pas remplir le vœu d’une femme dont le souvenir m’était agréable ? J’envoyai la peau à un tanneur qui, pendant trois mois, l’a travaillée avec le plus grand soin.

Elle m’est revenue blanche, d’un grain superbe, inaltérable. J’en ai fait relier le livre qui était en cours de publication : Ciel et Terre. Cela fait une reliure magnifique. Il est maintenant dans ma bibliothèque de Juvisy. Les tranches du livre sont de couleur rouge, parsemées d’étoiles d’or, pour rappeler les nuits scintillantes de mon séjour dans le Jura. Sur la peau des épaules de la comtesse, j’ai fait graver, en outre, en lettres d’or : « Souvenir d’une morte. »

Il faut avouer, à cela près que le bleu eût mieux convenu que le rouge pour les tranches constellées d’étoiles, que ce petit in-12 de « l’Alexandre Dumas père de la cosmographie » comme on a appelé Camille Flammarion, « le seul peut-être des livres humains qui puisse être lu avec plaisir par un membre de l’Institut et par deux amoureux enlacés, » s’accommode symboliquement très bien de cette reliure.

L’aventure, en son temps, défraya la chronique. »
 

MOYEN D’UTILISER LES MORTS ET D’EN FAIRE DES PARURES/ NOTES

 L’Homme de neige, où le sinistre baron Olaüs de Waldemora porte, monté sur une bague, le corps de sa défunte épouse, réduit sous la forme d’un diamant noir : « On raconte dans les chaumières des environs que par amour pour sa femme, qui était aussi méchante que lui, il a confié son corps à un alchimiste, qui l’a fait réduire dans un alambic, et qu’il en est résulté un gros diamant noir. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il porte au doigt une bague étrange que je ne peux pas regarder sans terreur et sans dégoût. »

Nous lisons dans le dernier numéro du Sancho :

« On parle beaucoup en ce moment d’une assez singulière aventure. Un Russe, grand personnage arrivé dernièrement à Paris, se faisait remarquer par une grande tristesse tempérée par une certaine extase. Cet homme portait au doigt une bague fort singulière, aussi grande qu’un bracelet ; elle s’allongeait dans sa main droite comme un bouclier pour l’annulaire. Cette bague verdâtre, coupée de veines roses, éveilla l’attention de tout le monde, mais personne n’osait interroger le mystérieux étranger. L’autre jour, cependant, une dame, le trouvant dans un salon, se risque à dire : « Vous avez là une bien belle bague ! » Le premier mouvement du Russe sentimental fut de cacher sa main, mais il céda à une tentation d’épanchement. « Ce n’est point une bague, répondit-il, mais un sépulcre. » L’assemblée frissonna. « Ce bijou, madame, reprit-il, c’est ma femme. J’eus le malheur de la perdre, il y a quelques années. C’était en Russie. Elle était Italienne et avait peur du lit glacial qu’elle pouvait trouver après la vie. J’emportai ma chère trépassée en Allemagne ; j’y connaissais un grand chimiste, et je lui demandai de faire de ce corps une substance solide que je pusse toujours garder avec moi. Huit jours après, il me fit venir, me montra la bière vide, tout un affreux attirail de cornues, d’alambics, et ce bijou posé sur un meuble. Il avait, à l’aide de substances corrosives et d’une presse spéciale, réduit et comprimé tout ce qui fut ma femme, pour en faire ce joyau qui ne me quittera plus. »

Ce deuil par la chimie est un progrès sur le projet de crémation proposé par le journal la Presse. Si cette mode pouvait prendre, une veuve aurait son mari monté en bracelet, avec une chaîne au bout. Cela lui rappellerait les liens de l’hyménée. Un mari aurait sa femme en épingle ; ce serait piquant, et on pourrait faire de certains académiciens une belle garniture de boutons d’habits. »

ERIC EMO

Hum. Où sont les négatifs de toutes ces années de travail avec Eric Emo. ? Un courrier à sa soeur est resté lettre morte. C’est délicat mais en même temps ça me désole si ça a été foutu en l’air…

Le vêtement et les gants existent toujours.

RENTRER

(L’excursion des jeunes filles qui ne sont plus) / Note / Livre magnifique que je retrouve

Bon. Voici c’est terminé. Suis rentrée hier soir  sous un peu de neige. Laver le linge, tourner dans l’appartement, jeter un oeil au courrier que F. a monté. Bon. Je fais quoi? F. passe. On rit. Grand paquet dans l’entrée, c’est la maquette de la Galerie Carlier Gebauer Berlin. Et au café, D rit toute seule. Avec F ils ont inventé ces imbéciles qu’il y a ma robe de mariée dedans. Ba voyons. Rigolez!!!

Tel à S. qui me demande de le rappeler quand je rentre et avant qu’il ne dorme mais peu importe l’heure. Ok! Puis passer au bistrot. Conversations ordinaires et BB arrive et me fait rire encore et encore.

En rentrant je m’étais étonnée de voir une rallonge orange branchée dans le couloir et qui arrivait dans une voiture garée. Un mec regarde un film. Quand je repasse vers 22. Idem. La rallonge orange. Je fais un signe muet d’interrogation au mec dans la buée de la vitre.

—Je ne suis pas flic mais c’est quoi c’que vous faites??? 

—J’habite ici.

—Ah bon 

Puisque ces événement nous échappent////

La fin du monde et pourquoi????

Cette semaine au Musée  a été si agréable que j’ai un peu de mal. Et puis je n’ai pas envie de travailler et il le faut absolument aujourd’hui et demain. Mardi Beaux-arts. Comment je vais faire. Le constructeur doit avoir une idée pour faire une sorte de devis. Je vais faire le pont avec les anges, la tribune en trois morceaux… , les images et la fin, les drapeaux, l’affiche. Le Join us… Et je traine et je traine là en écrivant, en feuilletant le livre de Ginzburg que j’avais commandé. Je mangerai bien un peu de ce délicieux dessert d’hier ( comme avoué dans mon blog, une sorte de fromage blanc léger avec une exquise compote de pommes . C’était une attention délicate)

J’ai un peu de mal à me concentrer. A Caen c’était facile parce que dans l’action. Là j’ai tendance à gamberger. Bon.

Je dors mal et suis prête à me lever à 3h. Me réveille toutes les deux heures. Me tourne, remets les oreillers regarde l’heure, mais je me sens bien. Je pense aussi à R. me disant que je ne comprends rien finalement à ce qui s’est passé et pourquoi il est mort, pfft.

Nick Cave

Je revois la librairie découverte par ma fenêtre d’hôtel, entre un clocher et … ben et rien. Au coin, La librairie du polar. Dedans tout est bien rangé. Je n’ai pas le temps d’y rester mais je demande si il n’y aurait « Un privé à Babylone » Non.

J’aime bien cet endroit.

Je ne fais que polar, espionnage, SF.

Ah oui et Molière c’est un polar?

Non c’est mon livre. Je l’ai toujours eu, je le mets là je le garde.

Je n’ai rien vu de Caen, si ce n’est le belle collection du Musée. La place Saint Sauveur et un peu plus loin pour aller à pieds chez E. by night. Restaurant Italien. Carpaccio. Une bière ici. un peu , mais peu de lecture.

The Sorbonne Paris

C’est l’inconnu qui fait peur

Il était assis au bout du banc et un peu sous la pluie qui tombait encore.

Jamais je n’y étais entrée. C’est magnifique cette cour. Il fait jour quand on entre, il fait nuit quand on sort de l’amphi en bois qui n’a pas dû changer depuis la nuit des temps; Puvis de Chavannes. La mer, des criques dans mon dos. Parler pendant une heure 30. Raconter et commencer par le dialogue des chiens de Bonaventure des Periers ( cymbalum Mundi ). Peut-être était-ce confus au début et la lecture en ancien Français pas facile. Ce genre d’exercice me laisse toujours sur ma faim, ou plutôt me donne la sensation d’un truc jamais réussi. Je dois apprendre à mieux construire ou plus simplement à accepter de le faire.

Et c’est vraiment une sensation étrange d’être là, pour quelqu’un de quasi autodidacte.

Ensuite on se promène et on atterrit dans ce bar de Saint Germain. Un des seuls qui reste et qui est normal, c‘est à dire mélangé. Des gens mangent des huitres. Des étudiants des BA arrivent. On rit. Puis retour casa;

Robert Baroque / Note Szentkuthy

A dix-huit ans, Szentkuthy, de son vrai nom Miklos Pfister. décide de noter dans son journal, en même temps que les menus événements de sa vie de lycéen, ses rêves, ses ambitions, ses tourments, ses combats intérieurs. Il en résulte un ouvrage bridant, un récit truffé de méditations, de prières, et d’ébauches de roman, qui surprend par la violence de son ton et par l’imagination débridée de son auteur. Le livre n’a été publié qu’en 1991, trois ans après la mort de Szentkuthy. Le jeune Robert Baroque est aux prises avec ce qu’il croit être une contradiction insurmontable entre l’ascèse et l’érotisme, entre d’une part, son désir de perfection, sa profonde religiosité, son aspiration a la sainteté, et, d’autre part,  » le péché « , les exigences de sa chair, ses fantasmes, ses rêves lascifs. Les arts, la littérature qu’il pratique avec talent mais à laquelle son excès de scrupules et, parfois, son manque de confiance en lui-même l’empêchent de s’adonner entièrement, ne peuvent suffire pour calmer son éternelle insatisfaction. D’où son insurmontable désir d’évasion, qui nourrit son inspiration –  » Je voudrais écrire des récits hauts en couleurs, pleins de mystères et de rebondissements, ce serait là, pour moi, l’évasion  » – et le fait prendre en horreur la fatuité de ses camarades en mal de création littéraire. Ce roman fournit donc – entre autres – plus d’une clé aux exégètes de cette oeuvre étourdissante. Mais, en fin de compte, l’attrait qu’exerce sur notre lycéen le baroque, avec sa démesure, ses audaces, voire son hystérie, ne fait que le confirmer clans sa foi en Dieu.  » La folle exubérance de la nature est création baroque. Dieu est le plus grand des artistes baroques. « 

 

Vers l’unique métaphore

Résumé :

« De jour en jour, tous les matins, devant la face de Gorgonne de l’horloge, sous l’atroce fantasmagorie des rides de la couverture, je ne cesse de soupeser : peut-être le sport me rendrait-il heureux, le tennis ou le saut en hauteur, quelque « action gratuite », un mouvement non rationnel, car je n’ai jamais eu confiance en la raison ; peut-être suis-je un pilier d’hôtel mondain, puisque ces derniers temps seuls les nouveaux modèles de cravates et les formes des souliers féminins ont le don de véritablement m’enfiévrer ; je suis vraisemblablement un saint, saint jusqu’aux racines de mon cœur, un saint qui n’est aussi impuissant le matin que parce qu’instinctivement il perçoit que rien, quoi qu’il arrive, ne le satisfera en dehors de Dieu ; cette idée de sainteté n’est qu’exagération de la métaphore, demi-sommeil incohérent sur quelque reproduction du Greco : je suis un bourgeois philistin, dont le lit n’est pas assez long, le balcon pas assez ombragé, qui n’a pas dans son appartement assez de fauteuils, et qui de ce fait ne se sent pas bien ; comme il a quelques lambeaux de culture, il surthéologise ce malaise avec élégance : je suis né artiste créateur : d’où, tous les matins, l’absence absolue de thème vital – il est naturel que la vie n’ait pas de thème, puisque ce n’est pas la vie qui est en question : c’est, en dehors de la vie, la création qui vient de moi ; je suis un travailleur de force, à qui dès l’enfance on a appris l’habileté manuelle – si je pouvais être forgeron ou menuisier, ma vie aurait un sens : une clé ou une table sont incomparablement plus éternelles, plus « œuvres », que par exemple cette auto-définition. »

TIENS TIENS…

Mail de E.

« Et ça, toujours de Jaccottet, dans « Eclaircies » :

Quelquefois je me vois pareil, dans mon incertitude, […] à ces oiseaux qui, moitié obéissant au vent, moitié jouant avec lui, offrent à la vue une aile tantôt noire comme la nuit, tantôt miroitante et renvoyant on ne sait quelle lumière.

« Hotel des voyageurs… »

C’est quand même bizarre. Au moment où je commande le journal de Mary Shelley, journal de douleurs suite au naufrage de Shelley, on m’invite au collège de France en Mai.

L’homme au manteau noir suite.

En rentrant de Caen suis passée aux A. et tiens tiens qui voilà.

L’homme au manteau noir… Suite Private

 

OHHHH

 Buonamico Buffalmacco

Pise

Beaucoup. Beaucoup. Beaucoup. De peintures. De croix, de pieds sur des fonds d’or. De plaies sanglantes, de morceaux de peinture  » abstraite « . De tâches. De chiens qui grognent. De hérisson invisible, là en bas à droite. Des plumes d’ailes d’ange. Des grands manteaux noirs et des plis roses sur des fonds verts. Merde que c’est beau. XII/ XIII/ XIV

Souvenir à Florence des charrettes tirées par les vendeurs de cuirs et de ceintures. J’adore ces petites baraques que l’on pousse et que l’on traine avec effort. J’ai eu envie de filmer ça. Je ne l’ai pas fait.

Le Monsieur de l’Hôtel Granducca, égal à lui-même , hors du temps dans son costume trois pièces. Miroirs dans les étages. Ma chambre, la 24 dont ‘ai déjà parlé l’an dernier. Je l’adore. La singola. M à la 30.

A la radio Catherine Robbe-Grillet est soudainement émue et s’excuse. C’est bizarre et finalement je n’aime pas écouter grâce à mon ordi, ce que j’écouterais à Paris. FC everywhere. J’ai vu dans la métro l’autre jour passer Jeffrey et ses cheveux étaient blancs <j’ai aperçu aux bouffes du Nord Benjamin Lazar ( je n’étais pas certaine ) et J Carrey.

D’aujourd’hui Vendredi à Mercredi matin:

Sienne / départ Gare Florence 10h10

Quand on sort du train , on suit la foule comme on dit; on grimpe. Pentes/ escalator/ escalator/ Marches/ escalator. Nom d’une pipe !!! Qu’elle arrivée hideuse dans un centre commercial. On oublie. Un cappuccino. Marcher vers la place. Remparts. Ici je me sens mieux qu’à Florence, saturée selon moi, même aujourd’hui en Février. Beaucoup de Chinois ( ils mangent/ enfin un couple qu’on a vu /alterne la viande et le tira mi su en aspirant ftttt avec la bouche comme s’ils mangeaient une soupe et avec des baguettes. Hier à l’Accademia, magnifique exposition temporaire comme d’habitude / là sur les tissus , les étoffes/ le tissage… un homme chinois rote devant le suaire stupéfiant de Can grande della Scala. Lui c’est mon ami rencontré à Vérone il y a lurette comme on ne dit plus. Interdit de photographier les étoffes et pentures sublimes, les cahiers de teinture, les échantillons. Je dessine dans mon cahier les motifs. C’est très agréable.

Mercredi soir, notre délicieuse trattoria. Jeudi matin Accademia. Jeudi après midi Pise en train. Une heure dix.  WOOOOOOO le Campo Santo. ( Là on a vu une scène de l’Evangile selon Saint Matthieu de Pasolini.)

Comme c’est beau. Et la tour et tout. ( Je râle de la connerie des gens qui se font photographier en feignant de tenir la tour. Mais que ça m’énerve. Et les selfies. Moins de perches dirait-on.)

Je fais des tonnes de photos de détails. Que des détails dirais-je. Il fait beau et froid.

Bon j’ai perdu la suite. La barbichette. Je ne recommence pas: ( l’homme à la soutane noire et au bonnet noir Piazza Annunziata,  Hotel della Noce vieux souvenir, spécialités- les sortes de boules à la crème de riz? si j’ai compris, toutes chaudes sorties de je ne sais quel chaudron / Un régal/ La polenta / On a poussé des cris devant la bouffe et devant les oeuvres. C’est simple. Uccello = carciofini

On a poussé des cris en découvrant ces homme éviscérés tout en haut à gauche de la fresque.

Je repense à une rue dint j’adirais le nom à A: Rue des corps nuds sans teste. 

D‘après GOZE, ce nom vient d’une ancienne enseigne.D‘après le père DAIRE, ce nom vient de la maison des CORNUS dont il est parlé en 1392 et 1444.Cette rue n’a été ouverte qu’en 1478. On pense qu’une maison fort accueillante se trouvait en ce lieu, rendez-vous plus ou moins discret. Une maison des « CORNUS » était déjà connue en 1392 et 1478. L’historien PINSARD, ayant relevé dans un acte de 1702, la mention (au singulier) du « corps-nu-sans-teste », émet l’hypothèse qu’un homme a pu y être assassiné, dont le corps-nu-sans-tête et dépourvu de vêtements aurait pu être retrouvé dans ces lieux.Cette rue s’appelait autrefois la Rue du Petit Avé Maria, du nom d’une maison qui se trouvait dans les environs, rue des Trois Cailloux.

 

Je n’aime pas cette petite toux qui ne me laisse pas tranquille.

Seance photo c’est marrant

Ce matin la photo ratée de moi sur mon tel

C’était plutôt drôle de faire des photos de mode pour Heu… . Au début je me suis retrouvée avec un grand sweet et grosses lettres GUCCI, puis un truc à carreaux que j’aimais pas, puis une grande chemise blanche devant et genre carré Hermes derrière. Le plus drôle c’était le pantalon et le plus plus mieux, les chaussettes pailletées . J’ai mis aussi des boucles d’oreilles et me suis retrouvée sur un set en miroir cassé avec un casque de BMX et des caisses en plastoc. Une échelle .

Les coiffeurs se coupent mutuellement les cheveux et je regarde ça du coin de l’oeil pendant qu’on me maquille. L’un passe une mèche derrière son oreille, puis devant. Ah! quels soucis que ces cheveux!!!. Ils replongent ensuite tristement dans leurs iPhone respectifs. La championne de BMX est sympa, je la filme à sa demande. Elle s’amuse, elle est contente. Elle est taillée comme une boxeuse. Elle sourit.

Vendredi soir, théâtre pour voir J: Trauma aux Metallos. Puis on a tous mangé et c’était drôle. On était une dizaine à table avec des pâtes. Samedi chez V.

Bon. travail, travail et notaire. passionnant tout ça. Samedi on a marché tout le matin et il faisait trop beau. J’ai acheté un nid et des machins en je ne sais quelle matière pour mettre dans le nid d’osier. J’aimerais bien qu’ils pondent ces oiseaux! J’y crois moyen. Les graines et tout ça sur les quais c’est un scandale. C’est beaucoup plus cher qu’au marché aux oiseaux. En passant j’ai vu le prix des chiens. C’est dingue comme c’est cher . Et les chats pareil.

Lis Simenon.

Hâte d’être à Florence

Alexander Roslin défiguré

 

Dans un sens je comprends !!!!J’ai presque terminé le traquet Kurde, mais même si je trouve le sujet et les personnages que l’on rencontre , réjouissant, je me suis ennuyée. Je ne dis pas que le livre est ennuyeux. Mais j’ai commencé par sauter des mots puis des lignes, puis j’ai hâte de finir. J’ai un peu détérioré l’oeuvre de Roslin ( le fichier sous ce nom a été refusé par les instances supérieures). Hier la conférence à la Sorbonne a été annulée pour cause de neige. On dirait qu’il en est tombé 1 mètre.

COAT

Dans le petit couloir, j’ai frôlé la poche de mon manteau accroché. Le rouge, avec des carreaux.

Je l’ai regardée.  Un peu déformée  par les passages successifs de ma main, mon bonnet, un livre ou des choses bien trop grandes-même pliées- pour pouvoir y entrer malgré mon insistance. La manche tout contre.

Je passe 100 fois par jour dans ce couloir.

Je voulais attraper le parapluie et j’ai vu que ce soir là la poche n’était pas comme les autres jours. Je me suis arrêtée quelques secondes, je l’ai inspectée. J’ai constaté l’usure en haut et des petites billes de laine sur l’Ecossais qui révélaient un tissu de qualité plutôt moyenne. Un petit bout de plume blanche sue le col venait peut être d’un pigeon ou d’un oreiller.

Alors, comme ça, brutalement, j’ai eu envie d’écrire un très gros livre. Gros comme le dictionnaire des personnages. Gros avec des petits caractères. Comme si on avait choisi des lettres minuscules  pour que toute ma vie puisse entrer.

Gros avec une couverture souple, comme le Journal de Lagarce que je venais d’acheter. et qui comptait 555 pages avec les notes. Il y a sa photo sur la couverture. Il est bras nus et tape à la machine.

Journal 1977 1990

13 ans de la vie d’un type dont je ne sais presque rien. 555 pages.

Je me disais que c’était drôle ces choses là.  Tout à coup un objet, une chose, un truc devient une sorte de signal de départ.

Je pense à présent que tous les grands livres, les livres vraiment importants sont nés d’une poche de manteau. Pas n’importe quelle poche et pas n’importe quel manteau, évidemment

Poche plaquée oui

poche à soufflets oui

Poche de côté : Non

Manteau en velours à grosse cotes oui

duffle-coat oui

gros manteau trop lourd oui

habit sans forme et usé oui

veste oui

Manteau “habillé” non

manteau rouge à petits carreaux oui. Enfin oui jusqu’à un certain moment.

Un gros livre, je suis bien d’accord que ce n’est pas en soi un rêve très malin.

C’est même une idée sotte et orgueilleuse. Une idée pleine d’envie pour ceux qui  ont su “quoi raconter” et encore plus fort, ceux qui ont réussi à ne rien dévoiler tout en ayant l’air du contraire. En fait non, je me trompe,  ceux qui ont réussi à tout raconter en ayant l’air de ne rien dire.

Bref un gros livre. Oh oui.

Moi je n’avais aucun don pour aucun style; Aucune question interessante qui aurait pu faire de moi un interlocuteur “acceptable”; Pas d’idée sur Flaubert, avec ou sans perroquet, une petite idée à propos de cette merveille de Saint -julien…pas d’idée sur Cummings ou Ezra POund; pas assez de temps passé à “ça”. Et pourquoi les autres. Et pourquoi pas moi.

Un jour j’ai dit: la maison de verre d’Eisenstein, vous la connaissez?

Le mec, à vrai dire ce n’était pas un mec mais un ami, m’a regardée bizarrement. Un peu comme si j’étais à côté de la plaque, dirais-je. un air de compassion à peine marquée. Trop nulle. C’est ce que j’ai ressenti. Mais X. tout simplement ignorait cette histoire, oui … C’était vrai mon récit d’Eisenstein.. Il a fait une moue. Je ne savais pas que c’était celle du mec qui ne sait rien mais te remets en question, toi. bref…

Attention,  un gros livre bien, juste bien comme La solitude est un cercueil de verre  écrit trop gros à mon goût avec  aussi une couverture  moche, mais  où on est embarqué directement dans le brouillard de Venice, où le tramway du bord de mer fait un bruit dingue dans le brouillard de Venice. Puis une chambre à Venice avec une machine à écrire , puis sur la plage de Venice dans la villa rouillée d’une star oubliée…. Bradbury auteur de Science Fiction? Pfff.

J’aime cette photo récente de lui, en bermudas et chaussettes longues.Il sourit.

Une idée en entraînant parfois une autre , je me disais qu’il serait plus raisonnable de faire justement le compte de mes idées. Enfin, de préciser un peu ce que j’entendais faire. D’y aller avec humilité, et à la fois ambition. Oui oui, les deux vont ensemble. Comme vont ensemble modestie et prétention quelque fois. Quand une personne timide et réservée, modeste devient pour quelques heures le Maître du monde, c’est impressionnant comme Spencer Tracy qui se transforme en Docteur Jekyll.

Mais celui qui écrit c’est moi?

A ce moment précis où mon cerveau faisait le point, le gros livre perdit plus de la moitié de ses pages. C’est à dire qu’il n’était plus que le dictionnaire de quelques personnages et même, si on regarde les choses en face, d’un seul et pas forcément en entier. Par déduction, je compris que le rescapé c’était moi, et que c’était peut être cela écrire un livre.

Par lâcheté et pour m’arranger des événements, je me suis dit qu’un petit livre qui se glisserait sans forcer dans la poche du manteau à carreaux ne manquerait pas d’élégance et serait la situation idéale. Plat, discret, accessible. Oui.Il ne déformerait pas les poches. Je me trouvais bel et bien devant l’obligation morale d’écrire Bartleby. Enfin je veux dire, d’écrire un livre de la taille physique de Bartleby. Je veux dire la taille des pages, l’épaisseur du dos, etc….

Si on parlait comme au cinéma on dirait: Je prépare un 90 pages, comme un 90 mn. Tout aussi bête. Ecrire un 500000 mots. Ecrire un Huit majuscules est audacieux, Moi c’est un sans fin que je voudrais faire. Sans avoir le moins du monde la moindre idée.. I would prefer to.

De ROLIN à BOND 007/ NOTES

James Bond () est un ornithologue américain

Le ton du livre de Rolin me plait. Je n’en ai lu que quelques pages. Page 10:

Dans le cas qui nous occupe, le tiroir, long d’environ un mètre et d’une largeur un peu moindre, retiré d’une armoire qui en contient soixante-sept autres de même dimensions, renferme une boîte en carton, sans couvercle, dans laquelle sont alignés sur deux rangs quinze spécimens d’Oenanthe xanthoprymna-un oiseau qui vivant pèse de 20 à 25 grammes, et beaucoup moins tel que nous le voyons-, tous dans un état satisfaisant de conservation, à l’exception d’un seul dont la queue se détache, toc, au moment où nous le saisissons délicatement entre le pouce et l’index ( une anomalie que nous rapportons aussitôt – « loose tail »-, sur le formulaire prévu à cet effet)

Puis j’en arrive à James Bond et à Taryn Simon.

La taxinomie des 331 oiseaux de Taryn Simon serait le reflet précis d’une nouvelle nature, telle qu’on pourrait la trouver dans une réalité alternative. L’artiste a collectionné les dépouilles anatomiques d’oiseaux ; la correspondance, les prix et récompenses reçus ainsi que les effets personnels de James Bond l’ornithologue, pour les exposer dans des vitrines, accompagnés d’oeuvres photographiques. Ces artefacts nous présentent les vestiges de la vie du véritable James Bond et de son existence, en parallèle de celle de l’espion fictif qui s’appropria son nom.TS identifie, photographie et classifie tous les oiseaux qui apparaissent dans les vingt-quatre films de la série d’espionnage. La présence d’un grand nombre de ces oiseaux, virtuellement indétectable, n’était pas planifiée, opérant comme un bruit de fond sur les plateaux et décors où ils évoluaient. Pour découvrir ces moments dûs au hasard, Taryn Simon s’est aventurée au coeur de chaque scène. Le résultat nous propose une classification qui n’est pas sans ressembler à celle du Birds of the West Indies original.

Puis je me promène dans les noms d’oiseaux et repense au codicille  de Gama Machado dans Les excentriques de Champfleury.

Ouvrage en vente à Drouot ( Théorie des ressemblances )  Curieux ouvrage établissant des analogies entre les formes animales et la psychologie humaine. Rousseurs. Dos frotté avec manques. Membre de la maison royale du Portugal, Joseph Joachim Da Gama Machado (1775-1861) appartint à un grand nombre de Sociétés savantes. Féru d’histoire naturelle il vivait entouré d’oiseaux dont il collectionnait les spécimens les plus rares. Dans la lignée de Lavater, de Gall et des physiognomonistes, il croyait que la configuration physique de l’organe était révélatrice de dispositions personnelles.

En matière d’oiseaux je me souviens peut-être d’un livre de… Ah , il s’est fait tuer par les nazis, hey Bruno Shultz, yesssse. Dans quoi? Les boutiques de cannelle ?

Lorsque mon père étudiait de gros manuels d’ornithologie et feuilletait des planches coloriées, il semblait que ces fantasmes emplumés s’envolaient entre les pages pour venir peupler la pièce de leur battement d’ailes bigarré, flocons de pourpre, lambeaux de saphir, de cuivre et d’argent. Pendant qu’il les nourrissait, ils formaient sur le sol une plate-bande ondulante, un tapis vivant qui, quand quelqu’un entrait par mégarde, se disloquait, s’éparpillait en fleurs mouvantes et voletantes pour finalement s’installer dans les hauteurs de la chambreIl me semble aussi que chez Bradbury ( la vie est un cercueil de verre????? ) il est question d’oiseaux? Je ne sais plus. Ce serait drôle une anthologie de textes ou apparaissent 

Dendrocygne à ventre noir

Sarcelle à ailes bleues

Canard chipeau

Fuligule à dos blanc

Fuligule à tête rouge

Érismature routoutou

Puffin fuligineux

Océanite de Wilson

Phaéton à bec rouge

Frégate superbe

Cormoran à aigrettes

Aigrette neigeuse

Bihoreau violacé

Urubu noir

Urubu à tête rouge

Balbuzard pêcheur

Naucler à queue fourchue

Marouette à sourcils blancs

Râle tacheté

Avocette d’Amérique

Pluvier neigeux

Tournepierre à collier

Bécassine de Wilson

Chevalier semipalmé

Chevalier solitaire

Mouette de Bonaparte

Sterne royale

Bec-en-ciseaux noir

Tourterelle triste

Faucon pèlerin

Tyran grosse-tête

Viréo aux yeux blancs

Viréo à moustaches

Hirondelle à ailes hérissées

Merle aux yeux blancs

Paruline à joues grises

Sucrier à ventre jaune

Bruant à joues marron

Ictérie polyglotte

Moineau domestique

Capucin damier / Muskatbronzemännchen/  Scaly-breasted Munia/Lonchura punctulata punctulata/ 斑文鸟

Oenanthe xanthoprymna

 

Dans l’avion, mon voisin était déjà installé  et avait gardé son manteau à chevrons et son bonnet orange fluo. Il en a déroulé le bord pour se cacher les yeux et dormir.

Dans l’avion, j’adopte toujours une position foetale et il faut dire qu’avec un billet normal on est encastré. Je ne suis ni énorme ni grande, mais il y en a qui doivent souffrir. Bientôt il y aura à la place du machin pour calibrer les valises, une espèce de coque humaine. Une forme approximative du genre de celles laissée par un corps assassiné et délimité par la police à la craie blanche… Si on est pas dans les « canons », hop la soute.

Dans l’avion mon voisin près du hublot avec son manteau à chevrons marrons, a relevé son bonnet et attrapé le livre devant lui. J’ai vu que l’éditeur était le défunt POL ( mourir dans un accident de voiture est quand même la chose la plus stupide répertoriée ) . J’ai lorgné discrètement mais je ne voyais pas la couverture. En faisant un petit effort j’ai lu en haut des pages: Le traquet kurde. Mais je ne savais pas ce qu’était un traquet et donc qu’une certaine forme d’ornithologie me poursuive ( Malouf voir jours précédents) n’a pu me venir à l’esprit. Je n’ai pas vu qui était l’auteur. J’ai noté ça sur mon iPhone et puis j’ai continué à lire ( je n’ai pas encore tué Kennedy et j’ai du monde aux trousses, notamment ceux qui m’ont payée pour dégommer Castro. J’ai pris l’argent et j’ai disparu… ) ou à somnoler pliée en quatre comme je l’ai dit.

C’était hyper rapide ce voyage à Berlin. C’est bizarre. RER, taxi , Check point Charlie, Galerie. Puis quelques heures plus tard, la même chose dans l’autre sens. Sauf que le RER du retour a mis des années. ( Un garçon m’a demandé si j’étais la figure  » de cire  » de la maison rouge et on a commencé à parler. Il revenait de Suède chaque semaine et construisait des plates formes pétrolières. Il ressemblait à Thomas, même genre d’homme, beau, ouvert et drôle et doux. )

La galerie est magnifique. Et c’était très agréable de déjeuner avec l’équipe. Ensuite j’ai tourné, j’ai viré, j’ai pris des notes. Me suis dit que c’était grand, très grand, que j’allais mettre ça et ça. Puis ne mettre ni ça , ni ça… Bref c’était très  » energizing « . Ca m’a plutôt enthousiasmée qu’angoissée et maintenant je me demande si ce n’est pas le contraire.

Pour en revenir au traquet kurde, je sais maintenant de quoi il s’agit. Dans l’avion j’avais réussi à lire un peu la quatrième de couverture.  Mon voisin aux yeux cachés à nouveau, avait posé le livre blanc sur le tissu à chevrons beiges de son grand manteau long.

Au printemps 2015, un ornithologue amateur observe au sommet du puy de Dôme un petit oiseau, le traquet kurde, jamais vu en France auparavant, et dont nul ne sait comment il est arrivé jusque-là. Sur la piste du traquet kurde, le narrateur de ce récit, quant à lui, croisera les ombres de T. E. Lawrence, St. John Philby (le père du célèbre espion), Wilfred Thesiger, celle aussi d’un invraisemblable escroc, mystificateur et mythomane, le colonel Meinertzhagen, et beaucoup d’autres grandes figures de l’histoire impériale britannique.

Je n’ai jamais lu Rolin. Ni beaucoup de littérature contemporaine d’ailleurs.

Mes oiseaux à moi étaient contents de me retrouver enfin c’est ce que je me dis.

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