pom pom (pom)pidou 1

Humeur maussade et inquiétude. Cérémonie à Saint Roch pour Guy. J’allume les cierges autour du cercueil. C’était  » réussi » même si le mot est vraiment mal choisi; Disons que le curé était bien et les prises de parole aussi. On a mangé un truc après. Contrairement à ce qui était prévu, l’enterrement n’a pas suivi mais a été déplacé demain. J’aurais préféré « tout d’un coup ». Bref.

Cette semaine a été passée nez dans l’ordi dans les collections du Centre Pompidou en prévision de l’expo. C’est assez fastidieux. J’ai fait des captures, des dossiers de ce que je choisissais. Sans réfléchir. Et sans me demander pourquoi telle ou telle oeuvre. J’essaie donc dans un premier temps de « ne penser à rien ». Il y a l’attirance formelle, la sympathie intellectuelle, l’esthétique premier degré, mais aussi ce qui me surprend: Neige  1923 de Bram van Velde  ( qui est un peintre qui m’ennuie plutôt). Il a eu la chance de rencontrer Beckett !, Trois personnages dans un paysage de montagne de Dubuffet ( 1924-25 ). La neige et la montagne ! Neige: Deux personnages au premier plan nous regardent. Un homme de dos se dirige vers un village. Trois personnages dans un paysage de montagne: Deux figures présentent leur main ouverte comme s’ils allaient en regarder les lignes. L’homme à droite a l’air effaré. A t’il compris ce que le destin allait lui réserver? Beaucoup de peintures abstraites comme Ad Reinhardt ( derniere peinture N°6 1960 ) , mais aussi un Buren de 1966 Peinture aux formes indéfinies, un ou deux Ryman, Debris 03 de Degottex 1980… Beaucoup d’artistes dont je n’ai jamais entendu parler : Hildebrandt, Fruhtrunk, Olivera Fairclough … 

J’ai choisi aussi des dessins qui me surprennent: De Villon une tête d’homme hachurée, comme s’il s’agissait plutôt du portrait d’un échec, des Cocteau qui ne lui ressemblent pas encore : Etude pour Vers l’âge adulte le zeppelin éclate 1915 et Le zeppelin mange de 6 à 12 hommes: Ici pas encore cette manière que je n’aime pas du tout et qui fera qu’on le reconnait même dans le brouillard ! Surprise de trouver des Roger Blin ( la sonate des spectres ). Je me souviens de son visage particulier et de mon émotion un jour d’hiver juste derrière le centre: Nous avons traversé la rue « ensemble »! J’adore je ne sais pourquoi The Lone cowboy de Percy Crosby. Who is this Guy? Mystère. Moi qui n’aime pas beaucoup les aquarelles en général, celle-ci m’enchante et me propulse en un endroit bien précis: Le bord de la route que nous empruntons pour aller à la mer. A un moment précis le paysage se transforme en lieu idéal pour un west-ern et nous commentons uns scène nouvelle à chaque fois . Ici le cheval semble voler, plus rien ne le retient au sol. Peut être me fait-il penser au cheval  en fer chevauché par un cowboy, un jouet  que j’avais enfant et que je remontais avec une clé. En cavalant il faisait clic clic.  J’ai le même plaisir en observant quelques dessins anonymes faits au crayon de couleur. Sur le premier, une femme en robe jaune se tient bien raide, elle semble déterminée , tant et si bien qu’elle penche presque en arrière. Elle tient un petit sac et a posé une plume bleue dans ses cheveux. Elle est suivie par un monsieur à coiffure bizarre, moustache et petite barbiche. Lui aussi penche vers l’arrière. Marchant de droite à gauche, où vont ils? C’est finalement le hors-champ qui m’intrigue. La légende précise que c’est un leg de Nina Kandinsky. Je pourrais décrire ainsi tout ce que j’ai choisi. Je me laisse guider par un élan d’étonnement et parfois de répulsion. Parfois un titre me surprend et oriente mon choix. Par exemple chez Cocteau à nouveau: Etude pour atrocités 1915. Le titre est, me semble t’ il en totale opposition avec ce que représente pour moi Cocteau: Un personnage sautillant ( sauter de branche en branche, disait-il, mais toujours sur le même arbre ), un être élégant un peu superficiel, un anti-Artaud ! agaçant mais extrêmement doué, trouvant 1000 formules surprenantes, s’affairant sans cesse depuis son jeune âge du théâtre au cinéma, de la littérature aux mondanités … Ce qui m’intéresse comme plus loin Dufy, ce sont finalement les artistes qui peuvent être doubles: Ad Reinhardt et ses dessins de presse, Cocteau journaliste et dessinateur dans Le mot, Dufy pendant la grande guerre, Magritte et sa période vache… Je n’aime pas du tout Chagall et me souviens de mes soupirs au musée à Nice !!! J’ai quand même retenu maquette pour le costume démon, oiseau de feu 1945. Son travail au théâtre est ce qui m’intéresse davantage. Je m’aperçois que j’ai aussi choisi des scènes ou apparaissent drapeaux, blasons, soldats et autre signes guerriers. Quelques scènes dans les camps aussi… Même si Dufy n’est pas un peintre auquel je pense souvent, je découvre des oeuvres qui sont domaine de l’imagerie et lis: 

Raoul Dufy, engagé volontaire début 1915 dans le service automobile de l’armée, a été nommé de février 1918 à avril 1919 à la Bibliothèque-musée de la Guerre auprès du collectionneur Henri Leblanc, et avait pour mission de faire entrer dans les collections des œuvres d’artistes modernes aux cotés de journaux, cartes, affiches, catalogues, cartes postales, photographies, et aussi porcelaines, médailles, armes, bons points, tapis, tissus, jeux, imagerie… Durant la guerre, il donnera une forte orientation patriotique à ses dessins comme sa fameuse Pochette des Alliés qu’il vante ainsi : « (…) tout soie, ourlé main, grand teint, (…) honoré d’une souscription de la Croix-Rouge, béni par le Pape, agréé par les différents ministères des différentes nations civilisés des différentes parties du monde ! Plus de rhume, de cathare, de bronchite… Mouchez-vous dans les mouchoirs des Alliés ! ». (Lettre de Raoul Dufy à Fernand Fleuret, 13 février 1915.)
Une grande partie de sa production durant la Grande Guerre sera inspirée de la tradition de l’imagerie populaire et patriotique apparue à l’époque napoléonienne, époque nostalgique de la grandeur de la France et des batailles encore dignes de ce nom. L’image ci-contre paraît dans la revue de Paul Iribe et Jean Cocteau Le Mot, comme œuvre d’artiste.

La sculpture de Antony Caro : Table Piece CCCXC me fait vraiment penser à la maison de Buster !!! voir aussi

Le type était assis et plongé dans son téléphone mais on ne voyait absolument pas son visage caché par un rideau de cheveux noirs. on aurait dit une drôle de bête et ça nous à fait rire. Puis il s’est levé . Je l’ai observé. Ses mouvements étaient étranges et plutôt sans coordination. On aurait dit un clown, des meilleurs, quand rien ne correspond à rien et que tout semble contraire à ce que nous ferions  » nous « , quand le mouvement d’un bras cherchant une manche ou s’enfonçant dans une poche est désopilant. Trois fois rien qui suscite le rire. C’était le cas. Comme les gens qui bégaient parce que trop de mots se présentent, lui, bégayait du corps pour ainsi dire. Il voulait enfiler son manteau mais en même temps chercher son téléphone. On aurait dit un numéro de Fregoli. Je lui ai dit et il ne savait pas ce que cela signifiait. Vous êtes italien? Non. Grec. Voilà et il a disparu. On a devisé là dessus et on est rentrés. Hier suite si l’on peut dire de l’enterrement de Guy. Nous étions peu à suivre le cercueil, en prenant garde de ne pas glisser dans ce petit chemin à travers les tombes. Ne parlons pas de celles de France Gall ( on dirait une grande cabine téléphonique ) et d’une autre qui devait être un ascenseur pour le paradis. Puis je file aux Beaux arts pour ce que l’on appelle une gratitude. C’est un hommage à un professeur qui quitte l’école. Ca faisait du bien de rire un peu.

Me revoilà

Pas écrit depuis longtemps, sans doute depuis un mois. Il va me falloir remonter le temps. En vrac: Le bidonville détruit sur l’A15. J’admirais « l’architecture » de cet ensemble fabriqué avec  » de tout ». Fini. Au feu porte de la chapelle je regarde les jeunes blacks sur un terre plein dans leur sac de couchage. Le feu passe au vert et je pense à autre chose qui pourrait être ce qu’il me reste à faire avant de partir à Saint Paul Dimanche. Tiens j’ai oublié un truc. .J’ai recommencé à peindre depuis un moment, ne lisant plus les échanges de mails pour l’expo. Suis retournée à nouveau Dimanche au Louvre à l’ouverture . Antiquités grecques cette fois et on n’y croise pas foule. J’observe avec interêt les fibules et suis surprise de la taille de certaines. Ce sont des objets magnifiques/ La revue NOISÉ est sortie ? Sais pas mais le dossier qui m’est consacré me plait. J’aime bien les photos.

A la librairie j’ai trouvé un livre qui m’intéresse beaucoup. L’instauration du tableau de Stoichita. En le feuilletant mon oeil à accroché le mot Âne. Âne iconoclaste pour être plus précise…Tiens tiens. Je regarde plus attentivement et vois qu’il s’agit là des ânes iconoclastes dans une oeuvre du 17 eme . Tiens tiens ( bis ) . On voit représenté un cabinet d’amateurs, un tableau de Hieronymys Francken III, peintre du XVII ème: Cabinet d’amateur avec iconoclastes. Pour résumer, on est face à deux scènes simultanées: On voit un cabinet d’amateur et des oeuvres au mur, quelques sculptures, trois personnages et un petit singe. Sur la droite une arcade s’ouvre sur l’extérieur et on découvre là trois ânes furieux en train de tout casser, de tout faire brûler: tableaux, globes terrestres, instruments de musique. Je lis que les cabinets suivent des principes mnémotechniques et que parallèlement à l’art de la mémoire, il y aurait un art de l’oubli. On parle du Cabinet imaginaire de Shenckel dont je ne savais rien hier encore. Ce qui m’intéresse ici est la question posée: « Que fait on lorsque la chambre est pleine d’images et que l’on veut construire un autre discours, se demande l’auteur? Il faut, répond il, purger le cubiculum des vieilles images et il illustre cette opération par la vision suivante: Que l’on s’imagine un ou plusieurs hommes enragés et furieux envahissant la chambre, armes au poing et cassant les images en les jetant à terre. Apres cette opération le peintre ( c’est à dire l’orateur ) peut parer sa chambre de nouvelles couleurs et images. 

Je ne souhaite pas qu’une armée d’ânes en colère envahissent mon atelier mais cependant le problème est bien là: Comment désassembler, rompre, empêcher qu’un certain confort propre à la répétition, ne s’installe. Comment tenter et parvenir à  de ne pas se ressembler et produire des images en série. 

Donc il est question beaucoup de cabinets d’amateurs ( repensons à celui de Perec ):

Personne ne sembla jamais se lasser de compter les originaux et les réductions de plus en plus petites d’Heinrich Kürtz. Très vite on s’amusa à calculer que le format de la toile était d’un peu moins de trois mètres sur un peu plus de deux, que le premier tableau dans le tableau avait encore près d’un mètre de long sur soixante dix centimètres de haut, que le troisième ne faisait plus que onze centimètres sur huit, que le cinquième n’avait même pas le format d’un timbre poste, et que le sixième faisait à peine cinq millimètres sur trois. Et le lendemain du jour où un quidam qui s’était muni d’une loupe de bijoutier et s’était fait faire la courte échelle par deux compères, affirma qu’on y distinguait très précisément l’homme assis, le chevalet avec le portrait de l’homme tatoué, et encore une fois le tableau avec encore une fois l’homme assis et encore une dernière fois le tableau devenu un mince trait d’un demi-millimètre de long, plusieurs dizaines de visiteurs arrivèrent avec toutes sortes de loupes et de compte fils, inaugurant une mode qui, pendant plusieurs mois, fit la fortune de tous les marchands d’optique de la ville

J’ai cherché d’autre peintures où figurent des iconoclastes. Il y en a un que j’aime beaucoup aussi où l’on voit un homme piquer un tableau de la Vierge avec sa lance. Il est suivi d’un autre qui brandit une hache alors qu’un prêtre tente de le retenir.

J’ai envie d’aller en Italie ou à Madrid au Prado. Tiens il grêle ( comme noterait Madame de Sevigné qui a un vrai bulletin météo dans la correspondance avec sa fille. J’ai noté aussi le livre Panofsky Bourdieu une rencontre décisive.

Terminé  » mon »Gainsborough » Conversation dans un parc « 

Gainsborough / Conversation dans un parc

Se préparer à chercher LE tableau. Une évidence s’impose: je ne vais plus assez souvent au Louvre. Mes écouteurs m’empêchent de souffrir du monde, et les groupes de visiteurs s’effacent peu à peu. Alors je tourne je vire, je passe et repasse devant Mantegna, je savoure Bronzino, j’oublie la raison de ma visite, je me perds… je photographie le Saint Georges de Raphaël… les deux jeunes hommes d’un anonyme – j’aime les anonymes – actif à Venise vers 1500… L’un d’eux me regarde du coin de l’oeil. Je m’arrête devant la fantastique Minerve chassant les Vices du Jardin de la Vertu puisvoiciSasseta, et la Jane d’Arc d’Ingres. —Pourquoi pas? Non.  Des urnes, des vases, un casque à Pilos, un demi masque de jeune satire… Hubert Robert, les funérailles de l’amour de Caron. A vrai dire je ne sais plus où donner de la tête et je dois me recentrer. Qu’est-ce que je cherche? Pourquoi copier alors que cet exercice n’existe plus guère? Adolescente j’ai souffert avec joie en copiant bas-relief assyrien, moscophore, cheval du Parthénon et autres plâtres qu’on trouvait encore dans les écoles d’art de province. J’ai gravé une copie de l’Homme au gros ventre orné de boutons de Jacques Callot, dessiné d’après la leçon d’anatomie du Docteur Tulp et très récemment peint un Judas pendu d’après Giovanni Canavesio, et le pantin de Goya. Mais s’il y a la tentation de copier, il y a surtout les tentatives qui ne sont pas toujours glorieuses. Copie, interprétation, faux? Poursuivons la recherche.  Personne dans la salle des Poussin, personne devant les Corot. Où suis-je? Je demande la salle 920, la salle des Chardin car c’est le Singe Peintre que je veux revoir. Salle fermée. C’est sans doute un signe. Il y aurait bien Descamps? … Non. Un peu découragée, je cherche une issue. Denon, salle 713. Peinture Anglaise. Voilà! Je sais! J’ai trouvé mon peintre: ce sera Hogarth ! Où est il? De Hogarth point! Pas de Hogarth au Louvre??? Déconvenue… Je prends mon temps. J’aime sans savoir pourquoi le portrait de Ralph Willett de George Romney. Ses bas de laine en font un allié. J’ai les mêmes. J’hésite. Je pourrais transformer un peu le buste et le modèle pour rendre cela un peu moins ennuyeux… Réflexion faite j’abandonne Ralph à la mise en scène de sa méditation. Là-bas au fond, ce petit tableau… Je m‘approche. Face à nous et assis sur un banc dans un paysage d’arbres et de temple en ruine, un couple: un homme jeune en habit rouge et tricorne noir, jambes croisées et livre refermé momentanément, s’adresse à une jeune femme qu’il regarde. Le peintre a arrêté le mouvement de son bras. L’homme a parlé, parle ou s’apprête à le faire. Cite-t-il un passage du livre refermé, dit-il son amour, ou une platitude d’ordre météorologique? Elle, est immobile comme un mannequin d’atelier aux joues roses posé sur un fond vert. Eventail de plumes  à la main, elle est figée et droite comme un I dans sa robe rose à reflets. Je croyais qu’elle me regardait mais non, elle ne nous voit pas. Cette conversation élégante semble l’ennuyer. En fait je crois qu’elle n’écoute pas, elle est ailleurs et c’est justement l’ennui qui se dégage de ces mises en scène qui me fascine: couples accompagnés d’un chien, chasseurs, familles en perruques… On trouve d’autres exemples de ces conversation pieces chez Gainsborough puisqu’il s’agit ici de cet artiste. Les tableaux qui m’étonnent le plus sont le Portrait of Mr and Mrs Carter of Bullingdon House qui me fait sourire tant la femme est étrange, le chien Spitz mais aussi Diane et Acteon plus tardif. Je me suis souvenue alors d’un autre tableau ennuyeux que j’avais « copié »:les époux Andrews du même peintre. Chute uchronique Franco-Britannique et facétieuse:

Thomas Gainsborough meurt meurt en 1788: A Versailles c’est bientôt la danse des têtes coupées au bout de piques. Le portrait en pied de la noblesse n’est plus de mise. Finies les commandes de portraits! Thomas, enfin, n’aurait plus à peindre les belles têtes de ses riches commanditaires aristocrates dont il redoutait le face à face. Place au paysage !

Je viens de visionner des fichiers où l’on me voit peindre à 13 ans je dirais. 14 secondes de super 8 en extérieur. Je peins la colline de Grasse devant l’endroit où j’étais soignée pour l’asthme au domaine de Malbosc. En prime j’ai moi bébé. je regarde cette petite chose et j’ai du mal à réaliser à vrai dire. Je ne sais pas le sentiments que cela me procure de me voir à 3 mois dans les bras de ma mère qui aujourd’hui pourrait être ma fille !.

Je viens d’envoyer à Donatien l’image du Gainsborough. Et je ne suis pas mécontente d’avoir terminé l’entretien avec lui. Pas facile je dirais. Il y a juste une question à laquelle je n’arrive pas à répondre et qui concerne l’historicité. Je vais lui demander de m’épargner.

Dans mon atelier j’ai travaillé ces temps si dans la première pièce plus petite et qui donne sur la terrasse. Le petit oiseau est bizarrement venu me rejoindre et il s’est posé sur l’échelle elle-même devant un miroir. Il s’est donc découvert un ami, et ils ont parlé. Je l’ai filmé en pleine conversation. Il attrape des trucs, bouge avec son bec des photocopies et je retrouve au milieu es pots des petits amas de laine de plumes et autre matières qu’il a trouvées pour dirait on commencer un semblant de nid. Bon allons savourer la terrine de sanglier de Laurence ( sur un morceau de pain à l’ail des ours !!!)

Correction du texte pour Copistes. Hop c’est fait. monter Umburri ( il serait temps ), découper des trucs ( il serait temps ). Je me demande à quoi va ressembler l’exposition. Bon on verra

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