Je crois entendre encore…

je parlais à C. de mon ignorance musicale, mais de mon tenor préféré qui est Leopold Simoneau et particulièrement dans Ferrando ( Cosi fan lutte ). Il m’envoie un lien que voici. Bref on sait dorénavant que mon grand-père était (un ) Georges Bizet . Voilà ce que j’ai écrit à C: Tu m’aurais vue ce matin, sur le chemin d’Argenteuil écoutant ton émission de Simoneau et surtout les pêcheurs de perles jamais entendu et soudain pleurant à chaudes larmes en entendant l’air de Nadir .

Je crois entendre encore ( ou Lala ça commence )
Caché sous les palmiers
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramiers.
Oh nuit enchanteresse
Divin ravissement
Oh souvenir charmant,
Folle ivresse, doux rêve!Aux clartés des étoiles
Je crois encor la voir
Entr’ouvrir ses longs voiles
Aux vents tièdes du soir.
Oh nuit enchanteresse
Divin ravissement
Oh souvenir charmant
Folle ivresse, doux rêve!Charmant Souvenir!
Charmant Souvenir!

C’est quand même incroyable les Gif. On ne peut s’arrêter de regarder. J’ai écrit ici quelquepart il y a 100 ans, quelquechose à propos d’un cheval qui galope sur le bord d’une tasse dans un film de… ? Buster??? peut être ?

Voilà: 14 novembre 2005

Cette tasse devant moi. Je n’y ai pas encore touché. Je lui préfère celle que j’ai appelée un jour de Novembre, la tasse miraculeuse. On dirait une auréole peinte , une grande ostie imprimée. La cuiller à gauche de la tasse est toute plate, Miraculeux vraiment ce cheval scintillant, en plein galop dans le fond de la tasse. Hypnotique . Il galope à la page du 14 novembre 2005 dans mon journal. L’anse à droite est presque à la place de la tête de l’animal. Il tourne pour l’éternité au coeur de l’ordinateur. Cette  course pour toujours jusqu’à “après”me rend folle, ces ruades, ces pattes arrières, ces sept images qui se succédent.A côté de la sous-tasse quelques grains de sucre. Une petite cuiller à gauche , puis à droite. Parfois ma main prend cette cuiller, délicatement. La cuiller est posée sur un morceau de sucre fondu. La tasse contient un liquide noir. Il peut être clair ou épais. Le liquide se boit souvent chaud. Je l’aime brûlant et pas trop fort. Certains ajoutent du sucre ou un peu de lait; je n’aime pas le lait. Je le bois  s’il n’est pas amer. Je ne le finis jamais. Jamais. Parfois je ne le bois même pas. Mais j’ai  le plaisir de le préparer, de le servir, puis de l’abandonner. Lorsque je vais lui rendre visite, elle a préparé les tasses. Chaque fois elles sont différentes. Posées ou non sur un petit plateau. Le rituel est de boire puis de parler.”Moi, immobile j’attendis jusqu’à ce que ma mère vint boire le sang noir.” C’est ce qu’Ulysse dit après s’être adressé ainsi à Tiresias: Je vois là devant moi, l’ombre de ma mère défunte. Elle se tient muette près du sang, et n’ose pas regarder dans les yeux de son fils, ni lui parler. Dis moi, seigneur comment me faire reconnaître. Tirésias répond ainsi: La chose est simple à dire et à faire comprendre: Tous ceux des trépassés auxquels tu donneras licence de s’approcher du sang te parleront selon la vérité/ Ceux que tu écarteras redescendront.

Je me dis parfois, que la tasse à chaque fois préparée contient “le sang noir”. Qu’ainsi je peux entendre. Qu’ainsi d’autres me voient et m’entendent moi aussi . Cela signifierait aussi que je suis plutôt mort que vif, et que c’est moi qui suis aux Pays des morts/ . Je ne m’y vois pas trop à vrai dire au Royaume des défunts; L’idée ne me plaît qu’à moitié. Elle me fait rire à moitié. Elle me fait rire jaune. Aux Enfers à  mon insu…Je ne peux y croire. Je n’y ai vu personne. Il n’y a personne. Je n’ai pas vu  l’ombre de ma mère, je ne l’ai pas entendue. Elle n’est pas là.

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