Echecs, boxe et bling et blang

Bon.

Commençons par Maintenant. J’arrive. J’ai fait lâchement un détour pour ne pas passer devant la grande porte arrière du supermarché, devant laquelle des garçons plutôt jeunes sont allongés, mangent des bananes ou les yaourts de la poubelle. Il y a de l’air chaud qui passe. Ils enlèvent leurs chaussures, se serrent les uns contre les autres pour dormir. Ce soir ils sont cinq. Julian le Roumain est parti “pour travail”. Je souhaite de tout mon coeur qu’il en ait trouvé. Les autres sont là. On file de la bouffe, un peu de fric, la liste des restos gratuits, des soupes populaires…

Ceux là  sont russes.

Des russes je viens d’en voir. Pas le même standing. On avait rendez-vous avec C. à la galerie et pour finir on s’est vus dans un bar sinistre de la rue de Turenne. Aussi gai que ce qui pourrait être le bar de la gare de Basel Suisse dans l’imagination.

Je file et me dis que je suis en retard. Je vais à ce que je crois être  une nouvelle expo de EB à Artcurial.

Chess-Boxing. J’ai reçu l’invitation. J’y vais seule car U. a oublié un autre ” gratuit” ( mot employé pour dire cocktail par je ne sais qui et qui m’a fait rire ) à un autre endroit. Je suis d’humeur moyenne, donne mon nom, grimpe un étage vert acidulé, passe devant une table a moitié vide ( comme la fin d’un gratuit…) et avance guidée par le bruit. Je passe devant une table de mixage-sono,  me retrouve face à un ring de boxe, avec des gens genre balayette dans le cul ( pardon mais bon) , costards, blondes cambrées… C’est comme une salle de boxe chic. Et au milieu du ring il y a un jeu d’échec. Merde me dis-je, que se passe t’il. Je regarde, Charlotte Rampling présente le machin, j’aperçois E. et F de l’autre côté… Puis une porte au fond s’ouvre et un boxeur fait son entrée. Un Russe je crois. Oui.

Comme je suis super fine, je me dis que c’est de la boxe et aussi des échecs… Ce que j’ai oublié, c’est que c’est E. qui a inventé ça dans une de ses BD.

Voyons la suite…

Le vla, le Vla… le gars derrière porte les gants et  l’eau.

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 Arrive le deuxième et hop. Moi je ne connais pas les échecs et rien à la boxe, mais j’adore les champions d’échec et de boxe.

D’après les réactions du public ( infiniment calme et raide) je me dis que je ne suis pas seule à n’y rien connaitre.et à ne pas savoir que ce sont:

L’ancien champion du monde de boxe allemand Frank Stoldt et le champion du monde des lourds-légers, le Biélorusse Leonid Chernobaev.

Ce n’est pas rien quand-même.

Je n’aime pas les gens qui sont là. Pas du tout.Et je n’arrive pas à faire abstraction de ce monde assis.

Mais bon, c’est assez dingue cette histoire. Paf un round. Le gars à le dos tout rouge et paf déplacer ses pièces sur l’échiquier… et repaf…

Un horrible enfant s’ennuie et sa mère très avertie parle fort et lui dit que dans une petite demi-heure ce sera vraiment très très drôle..

( Oups…tranche de saucisson au poivre délicieux… Je m’essuie les mains sur mon pantalon…)

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Bon. Oué c’est dingue ce truc.Et c’est incroyable qu’une invention de livre devienne réalité.

Je suis debout, très attentive à ce spectacle fou et  assez près derrière les caméras. J’ai enlevé mon manteau et le remonte sur mon bras… Je sens alors quelqu’un qui tapote sur mon crâne… Je me retourne, constate que j’avais frôlé une femme, m’excuse. Elle baisse les paupières longuement, signe d’un accablement que je comprends parfaitement.. L’accablement de la pouffe-reine j’appelle ça, et comme je suis énervée, j’ajouterais, de la pouffe Ruskov-Regina sans olives, avec ses talons et tout le bazar. Et la vulgarité du Bling.

Je me retourne vers le mec de 2m de haut  et lui dis en lui montrant mon crâne :

—”Ca, c’est à moi, vu???”

Il fait son chevalier servant cet imbécile et plus tard ris comme pour la parade amoureuse de je ne sais quelle bête. Il biche et roucoule.

Moi j’ai le coeur qui bat. De rage. De voir ces gens- qui sont-ils? ( évidemment E est le contraire de ça ) et te me repasser dans l’esprit le tapotement sur mon crâne, le tapotement sur mon crâne, le tapotement sur mon crâne, le tapotement sur mon crâne… Et encore.

Je ne peux plus rester. J’attends la fin du round. Le brun est agressif. L’autre transpire à mort.

Je prends mon ton le plus désagréable pour dire “Pardon” au géant imbécile, joli coeur et tapoteur.

Je me dis en sortant “j’aurais du lui tapoter les…”

Je suis repassée devant un table nette, avec des verres propres et des filles qui serviront bientôt le champagne.

Je me suis retrouvée sur les Champs, humant l’air , avec une envie terrible de marcher.

Je ressemblais à ce dragon de Paul Troger.

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Quelques SMS à C. puis je photographie la grande roue et l’envoie à AM.

Puis je photographie ça, petit monument pour Christian qu’on a enterré aujourd’hui.

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Ce matin, a donc eu lieu la cérémonie pour C qui est lui, sorti du ring. C’était à Saint-Pierre de Montmartre . Simple. Avec un prêtre à la voix douce.

Pour une fois qu’une messe me plait… On le surnommait “la douleur”, on a passé de sacrés moment à l’époque de la rue Legendre avec C, M. et les autres…

Puis en rentrant j’ai skypé avec AM qui se réveillait à Bogota et me tendait un morceau de papaye.

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