Une ville qui n’est pas la tienne…

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Trieste

J’ai compris depuis quelques temps ce que je ressens. J’ai l’impression d’être partie quelques jours , qui deviennent des mois, dans une ville qui n’est pas la tienne. C’est à nouveau comme si j’étais à la Villa Medicis et que tu étais ,toi, resté à Paris.Sauf que je sais dans quelle ville- si on peut appeler ça comme ça-dans quelle ville tu m’attends. Oui, je suis seule dans une ville, comme lorsque je suis partie— pour je ne sais quelle raison /le désir d’être seule sans doute —lorsque je suis partie à Trieste. Je t’appelais plusieurs fois par jour:

—Je suis là, je vois ça.La mer est tellement étale. Je suis au restaurant. Je suis à l’Eglise orthodoxe.

Tu étais très enthousiaste, tu riais. Et tu me disais : —Reviens vite imbécile, je m’ennuie. Moi aussi je m’ennuyais de toi à Trieste, seule. Mais c’était délicieux cet ennui là. Partir, c’était aussi pour s’ennuyer de toi.

—J’arrive à 20h!!!

Bon.

J’ai carrément pas envie d’aller à mon atelier.

“Il fait bora deux fois la semaine et grand vent cinq fois…

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…/ J’appelle grand vent quand l’on est constamment occupé à tenir son chapeau, et bora quand on a peur de se casser le bras”

Stendhal

Je me sens de bonne humeur. La peinture me manque, mais ce rangement ( salutaire ) empêche pour le moment d’être libre. Il faut que je jette, range encore. J’ai été très contente de revoir mon atelier à SB. Il est trop beau. Même s’il y fait un froid terrible , enfin, oui .  Et ce qui semblait monstrueux en matière d’espace, ne l’est pas là-bas. Heureusement que mon frère et A. étaient là pour faire le sale boulot. Je n’ai qu’une envie, c’est repartir.

Je regarde la photo de la fontaine place de l’Unité (Domenico Mazzoleni). Hum hum…

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Hier soir, Fleur de Cactus. SB nous a appelés à 18 h pour nous dire que 2 places s’étaient libérées. Je suis une inconditionnelle de Michel Fau. Il sait tout faire et ce qu’il fabrique donne toujours beaucoup de plaisir et ce avec une grande finesse. Ce n’est jamais ennuyeux. Ca frôle la tradition du théâtre mais avec beaucoup de fraicheur. Qu’il joue de face le Misanthrope ou chante aux Bouffes du Nord c’est toujours extrêmement sincère. Ca fait du bien en plus un théâtre populaire et classe. C’est drôle de repenser au “Théâtre ce soir ” aux débuts de la télévision. Les 3 coups et à la fin ” : La pièce que nous avons eu le plaisir d’interpréter devant vous etc…” Tous les acteurs sont vraiment bien. La fille ( ??? Bisson ) formidable. On a cru que le gros Monsieur avait un costume rembourré. Pas du tout. Heureusement qu’il était parti quand on s’esclaffait dans les loges!

Quand à la télévision, arrivait le générique de l’émission, mon père faisait une grimace. Je savais que la guerre grondait. Il détestait ça se demandant pourquoi “on” claquait les portes et pourquoi “ils” parlaient si fort. ( Ca me fait penser aujourd’hui à la tête de Louis de Funés indisposé par quelque chose et qui écarte le visage comme si le son était au maximum.)

Il disait: ” On tourne ?  = On change de chaine ( il y en avait deux ) . Et tout le monde: Oh non!!! Alors d’un petit mouvement sec il laissait tomber sa fourchette sur le bord de l’assiette et allait se coucher.

 “L’artiste
ne doit pas faire en fonction des codes de la société… Je travaille énormément, je suis très besogneux, je dévore les bouquins. Je pars du texte et de sa musicalité, du style de l’auteur… J’ai souvent peur de ne pas y arriver”.

“Ce qui est intéressant c’est la neige et le feu, le contraste pour représenter l’être humain qui est rarement en demi-teintes”. “Le réalisme ne me gêne pas, c’est le naturalisme qui m’ennuie”. “La technique ne suffit pas, il faut de la folie. La virtuosité je trouve ça formidable !”

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