Je suis la Jerusalem Céleste

Deux anniversaires qui se suivent. Le mien et celui de ta disparition, le lendemain.A l’hôpital, ils n’avaient pas voulu que je dorme avec toi. Quand je suis arrivée le matin, le chambre était vide. Puis on a attendu. Puis il n’ont pas voulu que j’entre. Puis ils nous on parlé dans une pièce glauque.

Brr 6 ans déjà.. 40 ans de vie ensemble. Dans ce registre si on peut dire j’ai appelé M. hier qui me dit être ” un bloc de tristesse”. On a parlé au téléphone , dit nos peines et comment on résiste et comment on avance avec cette douleur permanente. Et aussi ce qui me manque énormément c’est cet optimisme, cet élan (qui se brisait parfois comme tout le monde ) , ce gout de vivre et ce manque absolu de peur. Rien n’était grave, rien n’était un drame et il fallait avancer avec le sourire en ayant bien conscience de notre chance d’accomplir ce que nous avions choisi. Toi le théâtre et le cinéma,( les chansons aussi) moi la peinture etc. Et comme nous avons ri car tu racontais si bien les histoires. Comme tous les acteurs, celles des tournages mais celles de tes et mes observations du commun des mortels…

Hier alors que sur la place de l’opéra je picorais quelques crevettes, le soleil a envoyé ses rayons vers moi, comme au solstice d’été la lumière atteint le centre de la Jerusalem Celeste au centre du labyrinthe de la cathédrale d’Amiens.

Auparavant à 18h35 j’étais à nouveau allée au cinéma voir “Coupez!” de Hazanavicius. J’ai beaucoup rit face à ses flots de sang, de vomi, de saloperies évoquant les films gore de morts vivants. le montage n’a pas dû être simple. C’est un régal. Pas grand monde dans la salle et parfois je riais seule !.

J’aime beaucoup ce cinéma historique, le Katorza qui est né je crois en Tunisie. Puis cinéma forain si j’ai bien compris. Limonaire…

Je retrouve en actualisant ma bio pour les Beaux-arts ceci:

Pierre Mac-Orlan avait préfacé Aveux non avenus de Claude Cahun. Il écrivait:
” A l’aube, tout cela disparaîtra. Et il ne restera plus sur une grève sans décor, une grève plus nue qu’une table d’opération, qu’un cadavre féminin poli comme une statue de marbre et tout auprès, comme évadé d’une poitrine inutile, un coeur, ferme et mobile, un coeur nettement vivant avec toute sa machinerie compliquée. »

En parlant de Beaux-arts, je n’arrive pas à me décider. Est ce que j’en pars? Je suis tentée.

Hier donc la presse régionale, un black qui dit que tout cela est “volé” à l’Afrique. Pénible. En même temps j’ai un sentiment étrange d’avoir occupé ses places Nantaises, même si tout cela disparaitra. Je ne suis pas très à l’aise d’avoir “occupé le terrain”.

Coiffure Dames, coiffure Hommes.

Et puis je me suis décidée et Hop, cheveux rasés, c’est fait.

Note/ Anita Pallenberg/James Fox Mick Jagger/ Performance


Nantes

Il ne pleut pas. Suis partie tôt ce matin, levée à 6h 15. Dormi dans le train. Mal au dos. J’en ai vraiment marre. Outre la douleur, cette sensation de vieillissement absolument désagréable. Le corps qui se raidit. Ramasser un truc/ soupirs. Osteo zéro, kiné zéro. Marcher oui courir oui mais je ne peux pas courir et marcher 24 h sur 24.

Depuis l’autre fois, j’ai terminé le projet pour Aubusson. Et j’ai eu le plaisir de retourner à mon atelier et de m’y trouver bien. Rangement et préparation de RV. La galerie Américaine après un report , en a annulé un autre-je m’en fiche mais je trouve cela insupportable. J’ai vu le film de Franju: Gros plan, non Plein feux sur l’assassin. Avec Pierre Brasseur et son costume de l’ordre de Malte. Le début du film est envoutant ( c’est le moment le plus beau de cette histoire de châteaux à la Narcejac. ) Le cabinet secret où l’on s’assied pour y mourir, un automate dans les bras. Miroir sans Tain, armure et tapisseries, décor chargé, héraldique et crucifix. Puis Trintignant se change et revêt un costume de deuil. Il porte une couronne mortuaire. Etc etc… Petit suspense… Mais les images sont belles. Le son et lumière du film est formidable car il n’est que son et lumière. On voit un public qui regarde la façade du chateau et écoute une histoire. Des lumières s’allument et s’éteignent ça et là, mais il n’y a pas âme qui vive. En parlant de noir et blanc et de lumière, je ne connaissais pas le nom de l’opérateur ( entr’autres ) de Elephant Man : Freddie Francis.Mort en 2007 / Je crois qu’il a réalisé The skull avec des acteurs de la Hammer.

Le réalisateur et directeur de la photographie britannique Freddie Francis, qui avait dirigé des films d’horreur pour le studio Hammer, mais aussi collaboré en tant que chef opérateur avec David Lynch pour Elephant Man (1980) et Martin Scorsese pour Les Nerfs à vif (1991), est mort samedi 17 mars à Isleworth dans le Middlesex des suites d’un accident cardiaque ; il avait 89 ans.La carrière de Freddie Francis se divise en trois périodes : la première le voit accompagner, en tant que chef opérateur, l’essor du jeune cinéma anglais, au milieu du XXe siècle. Pendant la deuxième, il devient un pilier du cinéma d‘horreur britannique, réalisant quelques-uns des classiques du genre. Enfin, après une longue éclipse, un jeune réalisateur américain, David Lynch, fait appel à lui pour éclairer un drame victorien, Elephant Man, lui ouvrant ainsi les portes d’Hollywood.

Personnes oubliées que nous deviendrons tôt ou tard.

Puis il y a eu Lundi soir l’invitation au Louvre pour l’exposition de Vincent: L’épopée africaine des rois de Napata. Pharaon des deux terres. Magnifique. Pourquoi ne suis je pas allée en Egypte cette année là au lieu/ une fois de plus de rester à la Villa Médicis et de peindre. Donc Napata: des armes, des pieds de meubles à têtes de Nubiens, des dessins d’archéologues. Plaque chryséléphantine avec lionne dévorant un soldat kouchite blessé, arme courbe dont se servit Persée pour décapiter la Gorgone Meduse. Après ces splendeurs que je ne sais décrire, nous sommes allés au rayon Champagne. On a regardé non plus les Dieux mais les gens. J’étais contente pour Vincent. Il nous a invités à diner Samedi soir mais on partait à Amiens. Sur mon telephone, après l’escalator du Louvre, il y a la caricature que George Sand a fait de Delacroix et la caricature que Musset je crois a fait de George. C’est amusant. Puis un morceau de Lola Montes que j’ai fini par louer car je voulais retrouver le passage avec les maquettes du Colisée , avant c’est Paris, après Varsovie…

Quand je délaisse un peu les Beaux arts, je donne des RV à côté et j’aime bien prendre un café avec les étudiants. Clara, Yann, Gauthier revenu etc…

Lundi et Mardi, les concours d’entrée catastrophiques ( ils ont groupé les 16-18 ans qui pour la plupart n’ont rien à montrer / sauf 4 exceptions en 2 jours) Je ne comprends pas ce manque s’exigence . C’est comme tenter d’entrer au conservatoire en jouant au clair de la lune avec une espadrille. Bref.

Ai acheté des crevettes crues et des épices rue Lepic pour tenter une recette Thai. Pas assez de piment. Mais c’était bon.

J’ai réservé une chambre le 4 juin à Fontainebleau pour le festival d’Histoire de l’Art. Le programme est toujours incroyable. Des tas de conférences. Ce sera sympa. J’ai zappé que j’y étais invitée pour une table ronde et j’ai accepté une rencontre au Musée Rodin le 3 juin à 18h. J’étais ennuyée. Mais bon…

J’ai envoyé mon idée de Workshop à Venise au Palazzo Grassi ” Me, without me ” ( ne savais pas d’ailleurs que Le Breton que je n’ai jamais lu s’était penché sur la question.

Déjà 20h44. Est ce que je descends manger un truc au resto ?

Nantes today. On est allés voir les essais des personnages pour les places

Encore jour

Voyage à Nantes

Note

Sablière

En charpente, une panne sablière est une poutre placée horizontalement à la base du versant de toiture, sur le mur de façade. On la nomme ainsi car on la posait sur un lit de sable, qui en fuyant, permettait à la poutre de prendre sa place lentement. Dans un pan de bois, la sablière est la poutre horizontale appuyée sur les murs[2] qui sépare les étages entre eux et reprend les charges du plancher en plus des charges verticales transmises avec les décharges (poteaux de bois dans le mur) : poids des murs et planchers supérieurs plus toiture. Dès qu’ils échappaient aux commandes du clergé, les sculpteurs s’adonnaient à la fantaisie, avec des scènes joyeuses, parfois grivoises, peuplées de créatures imaginaires et de figures joviales ou grimaçantes.

Que leur présence soit décorative, fantaisiste, comique, satirique ou symbolique, l’animal reste le sujet préféré des sculpteurs de sablières. Les chiens assistent aux scènes de chasse. Le cheval, le bœuf ou l’âne accompagnent les humains dans les activités quotidiennes, les cochons et la basse-cour animent des scènes amusantes. Certains animaux, présents sur les armoiries des commanditaires, peuvent être associés à des familles nobles. Mais quelques artistes, avec une pointe d’humour, jouent aussi de leur nom en breton pour signer leurs œuvres (exemple à Bannalec, l’artiste Le Maout – ar maout = le mouton en breton).

L’ouverture de la Bretagne aux courants artistiques extérieurs, et notamment d’Europe du Nord, explique l’apparition d’animaux hybrides : dragons, griffons, ou  grylles… Plus d’un millier de créatures fantastiques sont ainsi dénombrées sur les sablières bretonnes. Représenté à 400 reprises, le dragon reste le sujet de prédilection des charpentiers décorateurs. Une importance qui peut s’expliquer aussi par le fait que les artisans avaient pour habitude de copier les modèles existants et non de les créer.

Décorée de gauche à droite d’une feuille d’acanthe stylisée orientée vers l’angle supérieur gauche, d’une tête humaine grimaçante de face avec de toute petites mains croisées sous le menton, d’un feuillage à quatre glands disposés en croix et enfin, d’une tête d’homme souriant de face aux yeux très saillants avec un fagot de bois derrière la tête.

LE THEATRE DES OPERATIONS&LE BAL DES OMBRES

« Comment échapper à la lourdeur du monde autrement que par le théâtre, le vertige, le détournement, la pirouette ? » C’est ce que se demandait récemment Laurence Bertrand Dorleac et je ne peux qu’abonder dans son sens.

Fausse légèreté en ces temps tragiques, comme autrefois entre peste et batailles, ici entre Covid et Guerre Russo-Ukrainienne. Car on peut sous-entendre, cacher, faire semblant de rire et ne pas commenter. Voici un cortège défait, une procession chaotique où chacun serait perdu, ne trouvant plus son bataillon. Tout ce monde isolé comme dans la Tempête de Shakespeare sur une île en forme d’étoile, L’âne sorti d’on ne sait quelle fable ( est-ce Bottom, est-ce l’Âne d’or ?) observe un pèlerin qui passe par là. Des singes agaçants cherchent la bagarre, une chèvre se dresse sur ses pattes arrières et des personnages sans nom s’échappent d’un jugement dernier en éclatant de rire. Un maitre de cérémonie-loup et sa canne ouvrent un bal où animaux, humains et hybrides ne savent que faire. Tantôt ils dansent joyeux et confiants, soudain ils s’immobilisent, abattus. Cette étoile est -elle  un radeau, une arche de Noé échouée sur le parvis d’une basilique? Sont ils sauvés ou vont ils sombrer sans même voir l’autre île-étoile qui passe si près d’eux? On entend bien quelque chose? Est ce l’appel d’un ange tout droit venu d’un retable, est-ce  une corne de brume… 

Pour le savoir écartons les grandes tentures qui transforment la ville en théâtre.

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