De retour de Gentilly où j’avais Rendez-vous pour organiser les deux ans d’intervention ponctuelle à l’école d’art d’Angers, j’obéis à la police de la Gare du Nord qui nous écarte du camion de déminage et au passage je capte un micro instant de la vie d’une dame assise derrière la vitre d’un restaurant. Je ne vois que deux mains qui s’affairent à briser une pince de crabe. La femme est sans tête à cause du reflet. Je me dis qu’elle ne pense pas que quelqu’un notera son action.
Je poursuis la lecture de “C”. Des moments de cure me replongent dans les miennes: Celles de l’enfance, du Mont-Dore et des eaux que l’on perd. ( lapsus si l’en est) Des eaux que l’on PREND!
Celles des brouillards secs, brouillards humides dans un décor 19me. Celles des douches très douloureuses, le jet étant très fort et envoyé de plusieurs mètres. A y repenser, ce sont- quant aux douches violentes, plutôt des images de camp qui me viennent. Je cherche désespérément les costumes de curistes mais cela ne doit plus se faire, il n’y en a pas.
Je rêvais d’en avoir un.
Et j’en ai eu un. C’était une sorte d’ensemble en feutre blanchâtre ( ma période Beuys sans le savoir!!!) . Oui un drôle d’accoutrement chaud avec une capuche et je crois des pieds , comme un vêtement de bébé. Je n’ai pas le souvenir de boutons, mais de liens, comme des camisoles… Je ne sais plus si ça grattait. mais on le louait. Je me trouvais splendide là- dedans et unique alors que tous les enfants venus en colonie pour se soigner en portaient eux-aussi. On était en pension dans un hôtel vieillot du centre, ou plutôt dans un meublé, l’hôtel c’était une autre fois.Hum… Vois pas d’hôtel, mais un truc un peu moche.Hôtel du Sancy? Par contre ce dont je me souviens c’est du Saint-Nectaire qui nous amusait avec ma mère, tant on trouvait que c’était bon et beau sur le plateau que nous tendait un garçon d’un autre âge.( Et puis il y avait les crêpes en haut du Sancy – et le funiculaire).
Il y avait aussi une année une petite maison en location près d’un ruisseau.
Le Docteur-mon docteur– s’appelait Docteur Debidour et me demandait de lui apporter beaucoup de dessins.
Je les exécutais dans mon lit après les soins. Et en mangeant des croissants et de la confiture d’abricot. Je n’aime pas beaucoup les croissants. Mais un croissant ( ordinaire) ouvert en deux avec de la confiture d’abricots est pour moi la Madeleine idéale.
Me revient: La Théophylline Bruneau ( je me disais c’est La Theophylline Gauthier, devinez pourquoi…!! ), suppositoires efficaces mais qui donnaient un gout désagréable dans la bouche, et l’Alupen, hyper efficace mais me donnait après inhalation de drôles de sensations.
Sainte-Cortisone sans doute. Je regarde….
La Ventoline que je pratique toujours est moins agressive.
Contribution à l’Etude des Propriétés physico-chimiques des Eaux du Mont-Dore.
” Le médecin de 1re classe Monrad (Henri Debidour) arrive à son tour à Saint-Pierre, en tant que médecin chef de l’hôpital. Il avait participé à la campagne de Norvège, sous les ordres du général Bethouard et, après un passage en Angleterre, avait été rapatrié en France d’où il devait repartir très rapidement pour rejoindre les Forces françaises libres. Bien qu’il ait été incorporé à l’origine dans les chasseurs alpins, c’est en médecin de marine qu’il fut affecté à la base navale de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ancien interne des hôpitaux, il développa très vite une intense activité chirurgicale.”
Si je calcule bien, ce docteur avait 60 ans quand il m’a soignée en 1968.
Il se redessine petit à petit dans le bureau de nulle part.