“Un menuisier surnommé « il Grasso » (« le Gros ») fait partie d’une joyeuse bande qui se réunit souvent pour dîner. Le Gros, un soir, manque la fête, et ses compagnons décident d’en tirer vengeance. Filippo Brunelleschi, qui est des leurs, suggère de lui jouer une farce en lui faisant croire qu’il est devenu un autre. Lui-même lance le jeu en s’enfermant dans la maison vide du Grasso, et, quand ce dernier veut rentrer chez lui, il contrefait sa voix et, à travers la porte close, s’adresse à lui comme s’il était un certain Matteo. Le pseudo-Matteo, tout éberlué, est alors arrêté par des sbires pour les dettes du véritable Matteo et jeté en prison. Il s’y convainc qu’il est devenu Matteo, quand non seulement ses codétenus, parmi lesquels un juge compatissant, l’admettent sous sa nouvelle identité, mais des passants de sa connaissance feignent de le reconnaître comme Matteo. Après une journée difficile passée là sans boire ni manger, il est tiré de sa geôle par les vrais frères de Matteo, qui l’emmènent chez eux, le font admonester par le prêtre de la paroisse pour le convaincre d’accepter définitivement son identité nouvelle, puis le droguent et le reportent endormi dans son lit. A son réveil, éberlué d’être à nouveau reconnu comme le Grasso même par les frères de Matteo, il erre dans la cathédrale où il rencontre le maître d’oeuvre de la supercherie, Brunelleschi, qui, accompagné de Donatello puis de Matteo, achève de le troubler en lui rapportant l’aventure symétrique prétendument vécue par le vrai Matteo qui se serait pris pour le Gros pendant tout le temps où ce dernier était pris pour lui. Matteo en personne, qui est bien entendu de mèche, confirme de mille détails l’histoire qu’il aurait de son côté rêvée, plongeant le malheureux menuisier dans une douloureuse incertitude sur le rêve et la réalité des derniers jours. Il lui faudra boire jusqu’à la lie la coupe de l’humiliation lorsque, le lendemain, il comprendra qu’il a été l’objet d’une méchante farce, et qui en est l’auteur. Décidant sur un coup de tête de quitter Florence, il ira jusqu’en Hongrie exercer ses talents et ne reviendra dans sa patrie que des années plus tard.”
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« C’est comme si je me sentais plus léger en notant tout sincèrement » – S Maraï
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