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Fig. 6 – Etincelles directes obtenues par la bobine de Ruhmkorff ou la machine de Wimshurst dites « Figures de Trouvelot », Etienne Léopold Trouvelot, vers 1888. Epreuve positive sur papier aristotype. Inv 35732-11

“L’image telle qu’elle se produit dans l’écriture automatique” est moins souvent citée ou reproduite que la célèbre triade “Explosante-fixe”, “Érotique-voilée” et “Magique-circonstancielle” (fig. 4 à 6), qui forme l’illustration de la notion de «beauté convulsive». Elle est pourtant tout aussi mystérieuse. Pour comprendre en quoi cette forme renvoie à l’écriture automatique, il faut d’abord l’identifier en la comparant aux photographies d’étincelles électriques réalisées à la fin du XIXe siècle, comme celles de Ducretet (fig.3 [E. Ducretet, photographies d’étincelles électriques, 14 x 11 cm, 1885, coll. CNAM]). Cette métaphore est loin d’être nouvelle chez Breton. On la retrouve dès le Manifeste de 1924, lorsque l’auteur identifie l’image surréaliste.C’est dans «le rapprochement en quelque sorte fortuit de deux termes, qu’a jailli une lumière particulière, [p. 72] lumière de l’image, à laquelle nous nous montrons sensibles. La valeur de l’image dépend de la beauté de l’étincelle obtenue; elle est, par conséquent, fonction de la différence de potentiel entre les deux conducteurs8». Et, ajoute Breton, c’est l’atmosphère créée par «l’écriture mécanique» (comme un gaz raréfié permet d’obtenir de meilleures étincelles) qui permet la production «des plus belles images». En ce sens, l’image trouverait sa condition de possibilité dans l’expérience de l’écriture, susceptible d’intensifier les différences de potentiels [p. 73] nécessaires aux étincelles les plus fortes. En d’autres termes: pas de substance imageante, de «lumière d’image», sans une contradiction extrême. Breton aura dû attendre pas moins de dix années pour publier une photographie qui épouse sa définition de l’image surréaliste, image du surgissement sous la forme d’un tracé lumineux, d’une écriture par la lumière. Cette métaphore mise en image procède donc d’une substitution du référent de l’étincelle électrique par celui de l’opération toute théorique du surgissement de la pensée. Ce qui demeure toutefois, c’est l’écorce du référent, la résonance que conserve l’iconographie scientifique, et qui intéresse Breton: cet amalgame de l’objectivité de l’enregistrement scientifique et de l’émerveillement que suscite le phénomène physique. Autrement dit, il s’agit de parer du prestige de la science une pure abstraction théorique.

  • 9 Louis Aragon et A. Breton, [Projet pour la bibliothèque de Jacques Doucet],OEuvres complètes, Ga (…)
  • 10 A. Breton,L’Amour fou, Paris, Gallimard, 1937, rééd. 1964, p. 25.

5La métaphore de l’éclair n’appartient cependant pas en propre à Breton. Elle illustre en particulier la conclusion de l’ouvrage phare de l’épistémologie du début du siècle, La Valeur de la science (1906) d’Henri Poincaré. Poincaré, dont Breton recommande les ouvrages à [p. 74] Jacques Doucet (avec ceux de Freud, Einstein ou Bergson) pour son projet de bibliothèque9. Poincaré auquel il recourt encore, à l’heure de définir dans L’Amour fou, la notion de «hasard objectif…..”

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Fig. 7 – Etincelles directes obtenues par la bobine de Ruhmkorff ou la machine de Wimshurst dites « Figures de Trouvelot », Etienne Léopold Trouvelot, vers 1888. Epreuve positive sur papier aristotype. Inv 3532-10

 

Allez hop. Fini les images je file….
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