A présent il ressemble à une grande arrête verticale sur laquelle est posé un manteau. Un pied de poule vert , coupe 1950, vestige de sa splendeur passée.
Il est affairé à traverser la place, il cherche . Il ne cherche rien du tout au fond, évite les regards. Il est devenu cinglé. C’est certain. C’est quand même la seule personne qui prétende pouvoir s’opérer seul de l’appendicite…
Les manches sont un peu courtes et il fume tout le temps. Une grosseur a poussé sur sa paupière.
Les dents se sont sauvées et il m’est difficile de le regarder sans dégoût.
Pourquoi lire puisque les livres s’effaceront aussi de ma mémoire. J’avais eu une période Brautigan. Je ne me souviens même plus d’un titre. Rien. L’étudiant assis lisait et le conservateur maigre et pas très rock du Château de R. lui a dit:
“Derrière vous sont tous les verts. Maintenant c’est la vraie période des verts. “
J’ai alors levé les yeux en passant sur les mains tremblantes du jeune homme qui continuait sa lecture devant la croisée. Le parc était bel et bien vert.
Les pare terres verts et le jour baissait.
Il y avait une ligne de petites fleurs jaunes sur la mousse verte. Il a arrêté sa lecture, la pièce était vide: “Je lis Perec et Brautigan.”
—Oui Brautigan… Vide. Vide. Ne restait je ne sais pourquoi que l’image d’une chaussure rouge à hauts talons sur le bord d’une route et d’un texte où je le citais. Je disais ” ce salaud de Brautigan”… Pourquoi? Aucune idée.
Les souvenirs des sensations accumulées…. Est ce que c’est nous? C’est ça nous?
Boucle:
Alors que je lisais le roman d’Eugène Green une voiture est passée très vite. J’ai vu rouler R. Oui rouler dans le fossé. Puis il s’est relevé, la voiture est repassée et il a roulé. Il s’est relevé…. la voiture est passée très vite….Il a roulé….
(Ce livre fait partie de ceux qu’A. m’a donnés et qui viennent de son bureau et j’ai décidé de lire sans choisir. D’attrapper un volume et de m’y tenir. Ce qui m’éviterait les considérations habituelles: Le plus urgent, le plus indispensable, le plus difficile parce qu’il est bon de souffrir….)
Donc j’ai attrapé Eugène par l’oreille après avoir terminé “Les Chasses du Comte de Foix”. Puis je me suis dit , c’est drôle, la seule fois que j’ai parlé à E. c’était à propos de Gaston Phoebus… Et le voilà à la suite d’une chasse… Bref.
“La reconstruction” est le titre. Lu d’une traite. Facture académique et un peu appliquée, dirais-je.
Ce n’est pas le choc des planètes ce style, qui s’efforce de “synonymer”= ne pas répéter. J’ai eu la sensation d’un sujet intéressant, mais d’un style démodé.
Paf. Servi.
Démodé n’est pas le mot. Enfin j’oublierai sans doute plus rapidement encore que Brautigan qui, si je ne peux rien en “raconter” a sur moi un pouvoir effervescent.
Je me disais que lorsqu’un livre était “bon”, on n’ imaginait jamais l’auteur en train de se relire.
Rêve.
Un coeur arraché et piqué de plumes de paon.
R. lit la correspondance de Miller et Cendrars ‘(épuisé et trouvé sur le net). Parfois il me dit:
— Ecoute ça….
Alors je laisse E. quelques instants. D’ailleurs je finis son livre dans la baignoire. Dans les livres, sauf s’il s’agit de Huysmans bien sur, ça me barbe que le décor soit Saint Germain des Près, où bien le Café de la Mairie.
Je n’en peux plus du café de la Mairie, l’écrin des auteurs. Ca sent la nourriture de l’épicerie du Bon marché. ca sent le” kinka +++”
E.G écrit un truc du genre: “Le Germanopratin descendit l’escalier”…. Bonnet d’âne pour ça!!!! :
GERMANOPRATIN:” terme d’allure savante”
C’est Wikipedia qui le dit!!!!
Voilà, le problème ce sont les mots, les textes, les idées “d’allure savante”.
+
Deux enfants. des garçons blonds, des jumeaux. Exactement identiques sauf que l’un des deux est nettement plus petit. Ils ne peuvent être vus que de face et se tiennent la main comme une guirlande de papier découpé.
+
Un port. Une perspective orageuse et verdâtre. Alger. Des souks. Des musées et des fresques sans possibilité de recul. Les diables verts de céramique étaient aussi sans recul.
Ai feuilleté “Tombe” D’Hélène Cixous. Picore ci et là. Ca m’intéresse. Là justement est une écriture. Ai ramené le bouquin à Paris.
Hasard d’un livre assez gros de Thomas Wharton. Agréable à lire comme on dit, un peu fantastique un peu Borgesien. Un bon moment que j’oublierai.
Virginia Woolf
Et je suis allée cette nuit à une corrida au musée d’Orsay. Hombre!!!!
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