Départ demain🙂‍↕️

Oiseau tombé du nid. Il n’a pas survécu

Humeur plutôt triste car M. ne va pas bien. J’angoisse à l’idée de recevoir des SMS qui me disent sa souffrance. Peinture toujours. Le peintre dans son atelier. Il a un visage grimaçant et odieux, il est en colère, tout tombe, des livres sont au sol. L’un tire au revolver sur une personne hors champ, l’autre peint avec rage un portrait de Scutenaire et on peut lire  » Le contraire est toujours vrai » . Ici c’est la reprise d’une gravure  » Born a genius »: Un peintre, tête dans les mains, se recroqueville sur sa chaise. La palette est tombée et un personnages armé d’un marteau le menace. Il va le frapper dans un instant. Dans un livre au sol on peut lire: We can help you to be a great artist , suscribe here.

3 aout. Le départ sera demain. Je n’aime pas du tout partir d’ici. R. Non plus .

Compte à rebours 

Hier la soirée à Gonfaron avec les voisins du hameau. Personne n’est venu cet été excepté A et AL l’autre soir. J’étais très contente. Le monde ne me manque pas, je jouis de cette liberté totale / Aucune contrainte pas de repas à prévoir, pas d’accompagnement touristique et des conversations plutôt d’ordre météorologique ou jardinier. J’adore quand P me montre un petit insecte sur une racine, un haricot trop petit cette année, quand elle me tend en grimaçant une tomate »pas belle« . Les poivrons ont brûlé sous le soleil. Les graines ne sont plus comme avant!. Elle fait des boutures, replante ceci et cela, me montre le millepertuis et m’offre un flacon pour soigner  les brûlures  P. Passe le soir « porter la radio aux sangliers «  afin de les dissuader d’approcher. Je ne sais pas si c’est très efficace. A est plus au rayon culinaire et nous fait des pan bagna délicieux. Ce midi elle nous portera les lasagnes. Miam. Sans rire, les tomates cette année ne sont pas bonnes, on a mangé des pêches dures comme du bois qui ensuite sans murir se plissaient. Donc direction les poules si elles ne sont pas trop difficiles. D’ailleurs elles ne veulent plus de blé. Cette année Juin a été férocement chaud. C’est mieux maintenant avec le temps qui se couvre un peu l’après midi. Coté culture, nous sommes allés à Draguignan voir l’exposition Fantômes, pas inintéressante mais très conventionnelle/ Commissaire Charlier. Ensuite, oh une librairie tenue par une dame chinoise. Je demande le livre conseillé par AB. Elle ne l’a pas. Je prends un polar , R un truc de philo. Je prends également Les raisins de la colère. Depuis à l’Est d’Eden j’ai lu La perle . Relu un Simenon en m’étonnant toujours des atmosphères qu’il crée à merveille. Ca sent la soupe, l’humidité, les épluchures, le vin qui tache une table de bistrot. Il y a des poëles, des gros manteaux d’hiver, du brouillard Boulevard Henri IV, évidemment la pipe ( me demande toujours en traversant Cogolin et ses fabriques de pipe, qui aujourd’hui achète ça. Mystère. ) Oui c’est très physique ce que l’on ressent, les bonnes odeurs de la cuisine mijotée de Madame Maigret, celles déplaisantes de la loge de la concierge.Il y a également la description d’in repas dans un bistrot de banlieue. Misère, la diététique on oublie et on prend après le vin, un cognac. C’était un lapin je croie et quoi, sais plus, mais monstrueux; Rien qu’en lisant on a envie de faire la sieste. Je n’étais pas retournée à Draguignan depuis…. A l’époque nous y allions car ici il n’y avait pas grand chose. Il y avait un bouquiniste et j’avais acheté deux tomes du Journal de Delacroix. J’exagère: Il y avait une assez grande librairie papeterie au Luc. Ainsi que des commerces aujourd’hui fermés comme partout, un désastre. Plus de magasins de journaux, donc plus de station au café pour les lire à l’ombre, plus de cartes postales « locales ».On envoie plus rien. Une boulangerie a réouvert ainsi qu’un petit boucher. Autrefois le boucher c’était quelque chose. Raciste sans aucun doute. Il ne doit plus être de ce monde, confit d’alcool après que sa femme qui avait passé sa vie à la caisse, petit-gros cochon au sourire commercial, préposée en plus aux oeufs et aux olives , se soit envolée au pays de l’amour pour un autre corps de métier «  de bouche « .

Moi qui déteste bricoler j’ai poncé ( l’horreur ) , repeint les tables et la porte et les petites barrières. Partie comme j’étais, le hameau a failli devenir tout vert. A côté il y a préparation des lasagnes. On a aussi fait LA/THE soupe au pistou annuelle! Quoi d’autre? On m’appelle de la terrasse d’à côté pour quelques moules à la crème en guise d’apéritif .Pour nous c’est un repas. . Je photographie Bob Wilson ainsi que les quelques lignes de l’article où il est question d’Andy DeGroat qui a partagé sa vie et travaillé avec lui un moment. Je racontais à R, que j’avais accompagné Andy pour voir l’opéra de quat’sous et qu’ensuite il m’avait gentiment invitée à diner avec Bob et lui. Prise de timidité j’avais décliné. En quelle année était-ce. En 2010? Pas possible … Andy est mort en 2019. J’ai aussi une photo de Libération  Rogerio Reis, la joie dont je ne sais rien, puis des masques de théâtre No et diverses oeuvres de l’expo Fantômes: Maurice Sand, Victor Hugo ( le livre des tables et des dessins spirites en vogue à l’époque )  une archive où l’on voit danser des Indiens et aussi la photo de la maison de Winchester. Beaucoup de choses viennent du Laboratoire anthropologie, archéologie, Biologie  de Montigny les Bretonnes; J’en ignorais l’existence. Mais aussi des prêts du V&A muséum, du Musée d’art et d’histoire de Genève etc… La table avec le matériel du chasseur de fantôme est drôle, un magnifique vase de Daisy Makeig-Jones où l’on voit des fantômes et des chauve-souris, le fantôme d’Hamlet est une belle marionnette, l’édition de LA maison hantée illustre par  Odilon Redon . Niveau contemporain c’est sans surprises : Bilal, Sophie Calle, Boltanski, Alain Fleisher …

J’ai enregistré une peinture de Edward Burra: 1934 Skeleton Dance, un article sur les punks de Berlin dans les années 80 et un courrier de Calder qui demande conseil à Prouvé pour un stabile. J’ai aussi le Fantôme du départ de Brauner ainsi que son loup-table que j’ai vu dans je ne sais quelle exposition au centre Pompidou.Quand je regarde les quelques photos de la plage le matin à 8h, j’ai déjà une petite nostalgie et quitter cet endroit me ferait presque pleurer comme un enfant «  qui ne veut pas partir «. J’ai nagé régulièrement jusqu’à la maison qu’avait fait construire Sarah Bernhardt. J’avais un soir aux Mayons photographié un gros garçon d’environ 12 ans, chargé d’un seau de churros de plus de 20 cm de long… Il rayonne en brandissant son chargement de graisse et de sucre. . L’horreur. Suis allée lui parler mais il n’a pas levé les yeux de son téléphone . Il regardait du rugby sans se soucier de ce jour de fête patronale avec ses tambours, retraite aux flambeaux et bal. 

Photos de la Vente de Lucerne. On y voit sur une estrade, un préposé en blouse blanche, ses jambes et ses pieds tout au moins…  qui brandit un Chagall.

Puis dans les photos les étapes des peintures. C’est toujours mystérieux de voir comment ça se passe. Même pour moi ! Comment on en arrive «  là «  et par quels détours, stagnations, effacements, repentirs etc… Demain séance «  roulage » traditionnelle. J’espère que la voiture ne sera pas top envahie. 

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