Emma, Noa, Edouard m’embrassent
Tout ce que je sais c’est que je n’ai pas envie de trop parler. J’ai l’impression d’être ici depuis longtemps et le passage par notre école a été étrange bien sur.
Aujourd’hui, tout à l’heure je vais ouvrir l’atelier et tenter de me remettre au travail. Je ne sais rien dire de mon état. Comme si je n’étais pas moi. Ou comme si une seule partie fonctionnait. Ou aucune. Je ne suis ni vraiment triste, ni gaie.Je ne suis rien. J’ai pu pleurer. Je me revois en sorte de zombie juste après. Comme si je n’étais nulle part et ne m’adressais à personne. Mécanique. Presque. Oui je réalise. Je l’espère. Bon. Merde.
Et ce hameau qui ne bouge pas, cet endroit incroyable et hors du temps. Il manque les chantonnements, la grosse voix, les exclamations. Pour le moment c’est comme si j’étais partie quelque part, seule pendant 17 jours.
Je poursuis le livre commencé à l’hôpital. Pas un livre excellent dans la collection Rivages/ noir. Mais un livre qui prend mon attention. L’homme aux lèvres de saphir de Hervé Le Corre. Acheté d’occase en face de Saint-Antoine. C’est une sorte de variation Lautréamont / Ducasse, primé au festival de Cognac en 2005. L’idée est bonne. Le style un peu conventionnel peut-être. Mais il m’a accompagnée dans la petite chambre.
Le prochain sera La famille Aubrey de Rebecca West: { “J’écris pour savoir ce que je pense » } que A. m’a offert.
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