OUF c’est fini

C’est sans doute ce que je dis chaque année quand Noël est passé. C’était agréable mais je déteste cette période. Aujourd’hui temps froid et bleu comme je l’aime. Sensation d’ennui et de tristesse néanmoins. Hier le soleil était incroyablement rougeoyant sur la route du retour. Avec C , le 25 nous avons marché dans un Saint-Leu désert , traversé le parc Saint Pierre. Sensation de décor et plaisir de n’y croiser personne. On est passés devant l’école maternelle où la tante Georgette était directrice. Je me souviens des années 1975 où beaucoup de maisons n’avaient pas l’eau courante / Il fallait aller à la pompe, on faisait tourner sur le dessus la pièce de métal, on se penchait pour récupérer le seau. Les gosses avaient les cheveux couleur paille et souvent le nez qui coulait. Ca reniflait et se mouchait en pointant la langue le plus loin possible pour atteindre la narine. D’où bien souvent des rougeurs et des croutes. je me souviens aussi d’une « action » organisée par le lycée. Il s’agissait d’aller repeindre l’intérieur d’une maison. Je revois deux personnes âgées l’air absent, recroquevillées dans un coin de ces petites maisons en torchis , et nous qui nous affairions. Il me semble aujourd’hui que c’était une très bonne intention mais aussi une totale intrusion chez des gens qui somme toute n’avaient rien demandé. Passage à la cathédrale. La crèche n’est pas terrible. Celle de Mister Bean est je dois dire beaucoup plus amusante. Enfant j’avais assisté à la crèche vivante de Cabris au dessus de Grasse. Nous étions à l’hôtel … Face à un immense pré où on pouvait jouer au cerf volant. Un sale gosse m’avait cassé les pieds et il m’avait dit:Je vais chercher mon père il est policier. Je ne sais plus du tout ce que j’avais dit à ce gosse qui me visait avec son revolver-jouet et des billes qui faisaient mal. Mais effectivement le père était arrivé et c’était un policier. Voilà, le nom de l’hôtel me revient: la Chèvre d’or. ( René Dufour, félibre créateur et animateur de la « Crèche Vivante », et son épouse avaient fait de l’Auberge de la Chèvre d’Or une sorte de club où se côtoyaient écrivains et artistes de toutes disciplines ) Je ne sais pas pourquoi on avait atterri là-bas. J’ai le souvenir d’un hôtel simple avec une grande cheminée. . J’aimais beaucoup . Etais-je déjà à Malbosc? Je ne sais plus. Il me semble que ces mois passés dans cet établissement n’étaient pas en hiver.

Je laisse reposer le Centre Pompidou mais j’y pense. Je ne suis pas du tout en retard . Il faut attendre les résultats quant aux disponibilités des oeuvres que j’ai choisies. Les Victor Hugo et d’autres choses qui appartiennent au Mur Breton sont évidemment inacessibles. On m’a envoyé d’autres VH- hors collection mais que l’on pourrait emprunter ( des châteaux découpés qui me font penser d’ailleurs aux maquettes de Gontcharova ( je les avais choisies puis écartées ) et aussi Thierry de Cordier . Son dessins qui semble médiumnique ( j’ai le téléphone/ Broderie littéraire 1978 ).

J’ai ajouté aussi le tableau Notte de Kounellis 1965. Je lis avec difficultés car je rumine toutes sortes de pensées sombres. La Splendeur des Amberson. « ( des gens tristes sur des images heureuses ) »

Hier j’ai décidé d’aller voir l’exposition Condo au MAM. J’ai marché jusque là. Marcher quand on le peut est aussi une solution pour chasser l’angoisse. Et voir des expositions aussi. C’est la chance d’être à Paris. Cette année je n’ai pas du tout envie de nature, de nuit à 17 h dans un hameau désert. Donc expo. Je trouve que GC est vraiment un artiste passionnant. Ce qu’il dit m’intéresse. Par contre l’expo est bien plan plan, ce qui est souvent mon sentiment au MAM. Il ne s’agit pas de scénographier à fond, mais les enfilades de tableaux qui débouchent sur un cabinet de dessins, puis sur le couloir qui à chaque fois est le sanctuaire des document affichés…. Je trouve que Condo est une sorte de résumé de l’art occidental à lui seul, Picasso en tête, Rembrandt etc… mais ce que j’aime c’est cette sorte de rage et de violence disons intime. Il n’est pas en représentation. Il ne démontre pas, ne commente pas, n’illustre pas. Et aussi sentir qu’il ne PEUT pas faire autre chose que de peindre.( mais cela n’est pas signe de génie !!! ) En tant que spectateur, parfois je grince des dents, parfois je me dis que c’est moche mais que ce n’est pas du tout le problème. Si non il ne serait qu’un héros de l’art dégénéré !!!! Un visiteur me demande si je suis moi !!! et nous devions de façon sympathique sur ce que nous voyons. C’est agréable. On se croise et se recroise. Le film sur GC n’est pas un chef d’oeuvre du genre, mais il a le mérite de laisser parler et parler seul sans que l’on entende les questions de départ. Il se laisse filmer en train de dessiner c’est ce qui m’étonne. Je me demande pourquoi il a quitté la galerie H&W.

Puis je suis allée voir la présentation des lauréats du prix Marcel Duchamp. J’avais une préférence pour Biondi ( disons au pire je l’aurais choisie ) . Le peintre Chinois ( un garçon sympa d’ailleurs ) est très maniéré, même tableau répété avec une sorte de dextérité. Bref tout cela me semble ennuyeux. On oubliera vite. Pas eu le courage en passant devant le Grand Palais d’aller voir les deux expos Jospin ( magnifique travail pour vitrines chic. Pas plus. Je déteste ) et les cartons des vitraux de C Tabouret qui me semblent être une imagerie d’après la guerre de 14. Faire des vitraux pour Notre Dame me semble un exercice extrêmement difficile voir impossible. Le risque c’est l’objet Sulpicien, l’image pieuse. Sans être réactionnaire, j’aurais opté pour une reconstitution. Simplement. Il me semble qu’il faut aller vers le dépouillement. Je pense à la chapelle magnifique de Anne Veronica, à Grignan. De la lumière, une croix simple, tout est propice à la méditation.

Quelques pas dans les collections. J’observe un Helion. Je m’assieds. Je regarde les gens et le gardien qui ferme les grilles puis les stores descendent doucement. Je jette un oeil plus loin et c’est l’araignée géante de LB qui m’accueille. Une dernière photo, d’une oeuvre de Altmedj ( j’ai sélectionné une oeuvre pour Metz. ) Passage à la librairie et achat d’un Agamben: et Jean Yves Jouannais: L’homme sans contenu et L’Idiotie. Plus loin je photographie une page d’un livre : Monstres de Claire Dederer. Une page suffit . Il s’agit de Picasso et Gauguin que l’on doit évidemment mettre à la poubelle puisqu’ils ne sont que des sales types. C’est lamentable.

TEA TIME

Ah, je ne sais pas ce qui m’a pris mais à partir de ces dessins ( plus bas)

lapin 2.jpg

j’ai commencé un film d’animation qui s’appelle Tea-Time. Mais que c’est long!!!!

Hier exposition Condo chez Dina Vierny. Le titre du texte de Ottinger me semble bien résumer la situation: Picasso chez les pieds Nickelés.

Moi j’avoue bien aimer cette peinture de dingue mais aussi de peintre. Et puis c’est comme si on était devant un grand ventilateur de cinéma avec toute l’histoire de la peinture qui nous ébouriffe. En même temps c’est un vent que l’on ne connaît pas.

C’est presque irregardable, ça fait grincer des dents, c’est presque dégueulasse comme l’est Savinio ou Chirico. C’est acide comme mordre dans un citron et tout cela a dû faire des nouvelles entrées à L’hôpital Américain. Des secousses pareilles chez les plus de 120 ans, même avec les progrès de la science, ce n’est pas bon? Condo c’est comme une canicule qui tourne mal…

Ce que j’aime aussi c’est que c’est une peinture qui ne va sur aucun mur. Impossible. Même avec un peu d’humour, je ne sais pas quelle bourgeoisie peut assumer cela. Ca vous cloue le bec cette expo. En plus, le lieu n’est vraiment pas l’ideal.( Les pierres, tout ça) Mais ça réveille. Je suis avec F. et Olivier L. m’offre le catalogue. On rit en sortant car F. n’a rien eu. Je me moque de lui.

Donc ; oui, donc l’image par image, c’est un désastre. Non, pas un désastre mais au moins une guerre. Et puis, bazar c’est qu’il faut « savoir » dessiner. Je me contorsionne pour savoir comment est une main, un bras vus de là et puis de là…. Je n’aime pas le dessin qui « parait » virtuose ( les trucs de BD avec des raccourcis, des perspectives d’enfer etc) Le cou de patte ,  » le cacré coup de crayon « livré avec: Vous avez un….. me pompent l’air. Mais pour dessiner très simple , ça saigne et ça fait des cloques.

Alors j’ai commencé avec cette scène sortie tout droit de chez Sade qui prenait le thé avec Freud. Le printemps ne doit pas être étranger à ce mouvement du poignet et des oreilles quelque peu en crescendo, accelerando, glissando, branlando. .

Maintenant que cette scène ( « pouvant heurter gningningnin ») est accomplie, j’imagine le début, et la fin. C’est vraiment drôle à faire.

Les histoires viennent toutes seules.

Je vais prendre le vélo et faire un tour à l’expo ou C.A doit faire une performance. C’est à Saint Ouen.

Vu avec grand plaisir Marianne ce matin. Tellement longtemps que l’on ne s’étaient vues. Elle vit à Londres . Monte Barbe Bleue dans un cimetière et nous en parlons.

Beaubourg me demande des infos sur « les initiations » peintures qui me semblent si loin. C’est bizarre qu’il s’inquiètent de ces machins.Faut que je réponde.

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