Notes Durrell m’avait cité un jour la phrase d’un écrivain anglais d’Alexandrie, E.M Forster, qu’il admirait particulièrement et qui lui parlant du poète grec Cavafy, l’avait défini comme « un être occupant une position légèrement oblique par rapport au reste de l’univers ».
Durrell raffolait de cette phrase dont je trouve, mais n’est ce que pure coïncidence?- qu’elle le définit lui-même à merveille. Car demeurer oblique par rapport au reste du monde, c’est ne pas être dupe de ce monde et aussi être en état d’ivresse cosmique/ Durrell Affaires urgentes, Un peu de tenue Messieurs.
Hier nous avons expérimenté la piscine de Brignoles. Impeccable. J’ai fait 3 km puis nous sommes allés dans la ville même dont je ne connais que l’hôpital où j’ai des souvenirs mauvais d’angoisse, de chambres doubles minuscules, de chaleur, de bout du monde médical. Un peu écarté du centre un café restaurant où ils servent des croque- monsieur-qui ne ressemblent en rien à des Croque-Monsieur et ont l’air délicieux.( comme plus tard le sera celui commandé à Saint-Raphael ).A côté et devant un beau bâtiment qui fut je ne sais quoi. Une caserne peut-être, une fontaine et 4 lions qui crachent de l’eau.
Il va falloir réfléchir à la maquette d’une nouvelle fontaine. Ce ne sera pas difficile je crois.
Suite à la catastrophe de Marmottan le musée a envoyé un mail afin de demander au responsable Sean Dunbar, ce qu’il comptait faire. Il n’a jamais eu la délicatesse de m’appeler, de m’écrire et de faire semblant d’être désolé.
Sean,
Voici le courrier que le Musée Marmottan m’adresse. ( et moi aussi …) J’avoue être très étonnée , pour ne pas dire choquée de n’avoir jamais eu de vos nouvelles après cette catastrophe.Est ce de la lâcheté, de la négligence ou juste de la grossièreté ? Je crois avoir été bien calme. La moindre des choses eut été de me téléphoner ou d’appeler le musée. Michel a au moins eu la décence de sembler désolé .Mais c’est à vous que nous avons passé la commande . Les réparations des céramiques qui sont des pièces uniques, les rendent néanmoins invendables. Voici. Bonne lecture en attendant vos conclusions et propositions.
Il m’écrit la chose suivante en guise de réponse:
Ohh! Being pretty brave myself dealing with my cancer,You should have called. Keep in touch. All the best. Sean
Même si j’en suis désolée, nos santés respectives n’ont rien à voir là dedans. Je repense alors a cette phrase de Beckett que j’aime tant et qui dit à peu près: Et laissons ma mère en dehors de cela si vous le voulez bien.
Je déteste qu’on mélange l’affect au travail. C’est toujours pour se défiler d’une responsabilité ou se dégager d’un problème à régler.
Martine amie médecin nous a apporté des calamars délicieux qu’elle a cuisinés ( et pêchés ) et son amie un non moins délicieux parmesan du marché de Vingtimille.( pourquoi a 20 km de là le parmesan est-il moins bon, et pourquoi ne sait on pas à 20 km de là, couper le jambon correctement. Mystère de l’univers. ) Pourquoi – si je réussis à bien travailler, aller un peu en Italie. Je suis complètement stressée par le temps et l’idée qu’il file rapide comme une fusée. Comment ralentir cela. Je pense en souriant au passage dans le livre de Durrell ( déjà raconté plus haut: Pour en revenir au livre, le couple de japonais qui à Belgrade dans la valse de plus en plus vite et se transforme ainsi en arme de destruction massive est désopilant, les adeptes de la vodka, les dingues, ou un couple de Japonais d’ambassade, buvant ce qu’ils croient être su saké local et qui n’est que whisky, se lèvent et comment à danser la valse de plus en plus vite, heurtant les autres danseurs, se transformant en une boule de feu ou un missile destructeur, afin de s’échouer dans le bassin vaseux devant l’ambassade de France de Belgrade.
J’ai recommencer à travailler hier après midi quinze juillet deux mille vingt deux après midi. Tendre la toile, j’avais commencé. Et barbouiller. Ce matin me suis installée dehors et le garde-chasse qui passait pas là, m’a dit que « si ça se trouve » ce sera joli une fois fini.
Je pense à Rebeyrolle que je n’aimais pas du tout autrefois et ses peintures qui sont semble t’il comme un torrent tout arraché sur son passage: Troncs, branches…pierres.
Je viens d’absorber un flacon de tisane de thym que la voisine m’a offert.( rituel qui se reproduira tout au long du mois ) Cul sec pendant que le soleil ne dardaille pas trop fort.
La terrasse de la maison ressemble à celle d’un cabanon il n’y aurait ni eau ni électricité! Je regarde les sièges réparés par Emilio avec de la ficelle bleue. J’adore. J’ai accroché la cage des petits oiseaux en hauteur, victimes qu’ils sont des chats, ou des fourmis. Une armée impressionnante qui vient voler les graines ( comme dans ce film de série Z où les sauterelles dévorent tout sur leur passage, laissant des humains à l’état de squelettes en carton. )
Un Nescafé. Un hameau, un velo gonflé, un courant d’air. La douche au jet d’eau et l’apaisement du soir quand il commence à peine à faire frais. La perspective de la mer demain peut-être ou peut-être pas. Le Repenti que j’aime. Même si les disparus manquent.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.