Alors que je me dépêche d’envoyer tout pour les cahiers du Cinéma, les perruches s’affolent à l’écoute de Wagner. C’est plutôt amusant.
Ce matin, Ln reporter. Me lève à 7h et file au QG. J’y laisse mon livre et bois un café ( plutôt le contraire ) et je grimpe chez Michou.Il ne fait pas bien jour. J’aime bien ce moment. La rue est déjà barrée, une voiture de police, quelques chauffeurs arrivent plus tard et s’esclaffent au bar. J’entends un rire gras et “manger un cadavre“. Je lève les yeux de mon livre. Bon je recommence , je mélange tout. Donc:1/ je prends un café allongé et une tartine. Bon. Je pose ma doudoune. Je papote avec D. et lui propose de faire patienter les clients le temps qu’elle aille au cabaret dire au revoir à son collègue . Non elle ne veut pas. Du coup, je décide d’y aller loi et de suivre les événements. Alors. Rue des Martyrs peu de monde encore. Des petits bouquets, un message manuscrit.
—Je peux entrer?
—Je vous en prie
Cet endroit si minuscule. Juste bien, en fait pour une seule personne allongée. Allongé, il l’est dans un beau cercueil bleu.( Comment dire….) Une croix dorée très simple au dessus. Et tout autour les tables ont été poussées. Fleurs, odeur de fleurs, terribles portraits peints à la main, Michou comme ci, Michou avec une casquette de marin… On est quatre et un Monsieur tape sur la boite et se fait gronder.
—On ne touche pas, s’il vous plait, il est laqué et ça fait des traces. La dame des Pompes funèbres ” chaussée” de gants noirs et vêtue de bleu caresse le bois, astique en un mot.Je m’aperçois que les tréteaux métalliques sont un petit peu rouillés par endroits et qu’il n’y a pas de ‘jupe “; Michou doit être fâché( haha c’est malin…) J’hésite à faire une photo, je trouve toujours ça déplacé mais bon, c’est pas pour moi, c’est pour une copine comme on dit. Je repars avec mon butin, prends un autre café. Une policière vient elle aussi en boire un et nous dit que le corbillard est magnifique. Bleu. En fait c’est un traditionnel avec du sticker bleu. Une vraie plaie à coller ce machin me dis-je. Plus tard je la croiserai , portant la gerbe de Michèle Torr ( C’était hier ! )Je lis le début du Roman de la Rose suite à la reine Loana. Jamais je n’ai eu le désir de lire ” ça “. Mais en fait je ne lis rien du tout, je regarde et j’écoute plutôt les réflexions de chacun. Il fait bien jour maintenant, je vais aux nouvelles, croise Louis et aussi David. Yvan est abattu. Je l’embrasse. Des gens en bleu. Pas tant de monde, oui du monde. Assez âgé, des jeunes gens passent à vélo et ne s’arrêtent pas. Pas un coup d’oeil. Normal. Les chevaliers de Montmartre puis les poulbots et leurs tambours;Le folklore qu’il aimait et qu’il a voulu, démodé et vieillot. Dison que ça sent un peu le dentier et la teinture aile de corbeau, le costume de Bruant ou de poète à lunette noire. Un sirène, une grosse voiture stoppe. Tout le monde se demande quelle célébrité va s’extraire de là. Un type tout ébouriffé à la Polnareff des mauvais jours apparait. Déception. On range les appareils. Mais on photographie le corbillard, selfie et autre. Une dame dit au Monsieur qui l’accompagne: —Ça ne se fait pas, et il lui répond que ça c’est la meilleure, que si , que tout le monde le fait. Bref je souris, et je la ferme, ce que je sais faire parfois, je dois dire. Pas souvent mais parfois. Bon je rends compte à D, reprend un café, repars. Les croques mort sont en bleu, mais on voit que ça n’a pas dû être simple de trouver une veste bleue, vu qu’il n’y en a pas une pareille: Une trop grande, une qui brille, une d’un autre bleu. Je vais me poster en haut de la rue et filme les poubots de Montmartre en tête de cortège et puis les capes et médailles et puis la blue car et puis famille et personnels du cabaret.
Voilà, c’est fini pour moi. Pour lui surtout, dans le bleu. La fin d’un monde, c’est certain et en plus il fait si doux.
Puis, filer à la galerie, discuter des Gobelins, de la liste des trucs qui partent en Allemagne. Je mange un rouleau de printemps à coté rue Beaubourg ( très bon royal China) qui travail à la maison, documents pour l’hommage à Nicole, texte à écrire, envoyer le film au Cahier et zut j’ n’y arrive pas, ah si. Bon. J’espère que ça marche.
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