Marcher/peindre

Ma flemme ces temps-ci à l’effort physique ( depuis la disparition de R. / On ne peut pas lutter sur tous les fronts quoi que. ) alors que je suis entourée de bois, j’ai décidé au moins pour quelques heures d’y mettre fin. Ne serai-ce que par respect pour ceux qui sont enfermés chez eux et qui en rêvent. Hop j’y vais. Sans réfléchir c’est comme cela qu’il faut faire. Une fois partie je pourrais ne plus m’arrêter. C’est un peu semblable pour la peinture dirais-je. Plutôt les petites routes désertes, que les chemins. Il pleut un peu. C’est bon. Je regarde deux lamas, mais à vrai dire c’est eux qui ont commencé ce dialogue. C’est moche un lama . Non? Je ne sais même pas, mais ça oscille entre l’autruche aux yeux de bimbo et je ne sais quoi d’autre. C’est un fâcheux croisement dirait-on. Une erreur. Ce qui est bon dans la marche, et il faut quelques km pour que cela arrive, c’est que la tête se vide complètement et que l’on n’est plus rien, plus personne. Juste un corps sensible au vent, à la vue d’un assez gros escargot là sur le muret, aux moutons dont un est noir comme dans les histoires.Au dessin d’une écorce, au chant d’un oiseau, un chien qui aboie au loin. Cette sensation de ne plus être là est délicieuse. Pour la peinture c’est la même chose ( à part les escargots et les oiseaux ) sauf que pour atteindre cet “état” , il faut plusieurs jours . Pas question donc et je l’ai dit 1000 fois d’inspiration, mais plutôt d’entrainement en quelque sort. Puis si les dieux sont favorables, on ne sait quel mystère opère , ( pas toujours) et c’est parti. Il s’agit d’un mouvement du corps, là encore qui étouffe toute pensée, enfin toute pensée que l’on pourrait écrire. Quese passe-t’il dans le cerveau ( l’escargot est remplacé par du noir, vert olive, paillettes ou autre ). Sais pas. Peindre, c’est s’asseoir, se lever tantôt ejecté par un ressort où comme si soudainement le siège était offensif, tantôt avec efforts et soupirs… Regarder. Peindre c’est surtout passer des heures à regarder, rien , où quelque chose en train de se faire. Puis soudainement c’est voir ce qui pourrait arriver. C’est le meilleur moment.

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