Les bancs craquent

Jacques rigaut

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pauline qui ne sait rien de mes lectures actuelles et de mon emploi du temps m’écrit qu’elle a rêvé de moi et de vers à soie et que je revenais d’un enterrement.

Elle ignore que le nom de la propriété où se déroule “C”, le livre de MacCarthy, se nomme Versasoie, et aussi que je suis à l’incinération d’un ami.

Je découvre ce SMS dans le hall du crématorium de Clamart. 

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Pluie. C’est long pour aller là -bas et mal indiqué. On arrive au bout d’une rue sans issue , dans un paysage d’une laideur sans nom, tellement laide cette laideur architecturale que ça en devient intéressant. Un décor . C’est l’entrée de la Chambre mortuaire de l’Hôpital On s’est trompées. Pas le temps de faire une photo. Retard.

Finalement le “convoi” comme on dit, n’est pas encore arrivé. Plein de monde.

Je ne connais pour ainsi dire personne. J.A qui me donne ses coordonnées. Mais… Puis les soeurs et F.S

Je salue R. qui a 24 ans et qui est le fils de B. pour qui on est là. C’est pénible évidemment/

Encore plus quand la Sonate au clair de lune fait sont entrée. Je regarde mes chaussures-Windsor, jette un oeil ici où là. A peine. Et encore… Le pire est la chanson Italienne tellement vivante. A force d’être accablant l’Ave Maria de Schubert ne me fait ni chaud, ni froid.

Il y a le portrait de B. sur le cercueil face à nous. Il rit. Une jupette de velours bleu cache le chariot. Tout est laid. Les compositions florales du lieu, la scène ( appelons ça comme ça) aux murs patine orangée digne de Castorama. Une croix entre le corps et l’urne mouchetée sur une colonne. 

Ca ne dure pas trop longtemps ( J’ai souvenir de cérémonies où il fallait rester tout le long. Et tout le long, c’est long.)

Puis sortie de la salle. Un Monsieur attrape la feuille qui demande si on a bien été assis, reçus, si le funérarium est bien indiqué. Il a écrit:

“Impossible de se recueillir à cause des bancs qui craquent. C’est insupportable”

 

Salle de… , zut, pas salle de départ- salle d’envoi? non…  mais quelque chose dans le genre. J’y vais et nous sommes peu nombreux face au volet qui va remonter. G. sort.

Voilà. Nous sommes derrière la vitre et c’est une sorte de vision très froide et belle. Ca a un côté 2001 Odyssée de l’espace.Glacé.

Le cercueil prêt sur un grand chariot métallique. L'”officiant de profil gauche  va appuyer sur un interrupteur, puis repart lentement dans l’autre sens/ Profil droit.

Il n’est plus dans le champ . Alors le cercueil emporté par une machinerie glisse vers le portillon qui s’ouvre.

C’est fini. Le portillon se ferme en guillotine et la mécanique se remet en place. 

Nous repartons sous une pluie battante. 

J’ai repensé à la fête foraine et à la trouille que l’on avant derrière les portillons du train fantôme avant que le chariot ne s’ébranle… Et c’était parti. Trop tard pour reculer.

Dans les embouteillages banlieue du retour j’ai fait cette photo qui nous à fait rire. Inutile d’expliquer pourquoi.

 

Tchup tchup….

COIFFURE

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