De la mienne ( chambre à Torre del Cestello/ 3 eme étage et encore une volée de marches à l’intérieur…Fenêtre ouverte… ) Oltr’Arno qui vous fait détester l’autre côté du fleuve envahie des touristes même un Lundi. C’est désespérant . Ce matin Piazza Del Carmine un cappuccino etc.. Il fait beau et frais ( j’ai dormi la fenêtre grande ouverte )je marche vers la Brancacci. Mais ne vois pas les Masaccio. Puis en route vers l’exposition magnifique de Donatello au Palazzo Strozzi. On se faufile de façon plus ou moins autorisée et on est les premières à l’intérieur. Plaisir d’être seule dans les salles et de fuir dès que le groupe menaçant entre !!!! Beaucoup d’œuvres qui viennent de Londres, Pise, Berlin etc. Bronzes aux parties recouvertes de feuille d’or, madones de profil, surprises seules avec l’enfant Jésus.. Chevaux gigantesques, coffrets d’orfèvres et reliquaires. Ensuite promenade puis déjeuner chez Alfredo. J’adore leur soupe et la salade de lamelles de courgettes au pecorino et truffes. Un délice. Soleil sur un banc. Bien envie de dormir un moment !!Bargello. C’est beaucoup !!!
“Proust est un auteur extrêmement sauvage“… C’est ce que j’entends. “Traffic avec soi-même”
Mais déjà j’avais retraversé le fleuve aux ténébreux méandres, j’étais remonté à la surface où s’ouvre le monde des vivants ; aussi si je répétais encore : « Francis Jammes, cerfs, cerfs », la suite de ces mots ne m’offrait plus le sens limpide et la logique qu’ils exprimaient si naturellement pour moi il y a un instant encore et que je ne pouvais plus me rappeler. Je ne comprenais plus même pourquoi le mot Aias, que m’avait dit tout à l’heure mon père, avait immédiatement signifié : « Prends garde d’avoir froid », sans aucun doute possible. J’avais oublié de fermer les volets et sans doute le grand jour m’avait éveillé. Mais je ne pus supporter d’avoir sous les yeux ces flots de la mer que ma grand-mère pouvait autrefois contempler pendant des heures ; l’image nouvelle de leur beauté indifférente se complétait aussitôt par l’idée qu’elle ne les voyait pas ; j’aurais voulu boucher mes oreilles à leur bruit, car maintenant la plénitude lumineuse de la plage creusait un vide dans mon coeur ; tout semblait me dire comme ces allées et ces pelouses d’un jardin public où je l’avais autrefois perdue, quand j’étais tout enfant : « Nous ne l’avons pas vue », et sous la rotondité du ciel pâle et divin je me sentais oppressé comme sous une immense cloche bleuâtre fermant un horizon où ma grand-mère n’était pas.
Pour ne plus rien voir, je me tournai du côté du mur, mais hélas ! ce qui était contre moi c’était cette cloison qui servait jadis entre nous deux de messager matinal, cette cloison qui, aussi docile qu’un violon à rendre toutes les nuances d’un sentiment, disait si exactement à ma grand-mère ma crainte à la fois de la réveiller, et si elle était éveillée déjà, de n’être pas entendu d’elle et qu’elle n’osât bouger, puis aussitôt comme la réplique d’un second instrument, m’annonçant sa venue et m’invitant au calme. Je n’osais pas approcher de cette cloison plus que d’un piano où ma grand-mère aurait joué et qui vibrerait encore de son toucher. Je savais que je pourrais frapper maintenant, même plus fort, que rien ne pourrait plus la réveiller, que je n’entendrais aucune réponse, que ma grand-mère ne viendrait plus.
J’ai rêvé de Thomas qui il y quelques années a décidé de ne plus donner aucune nouvelle, ce qui me peine. Me réveille maintenant vers 6h30.
On fait 10 km par jour. Piazza Del Carmine café , et hier bon diné à la trattoria du même nom. Les Offices ce matin. Une horreur au deuxième étage. Des groupes, du monde, à détester les gens. Et là on se dit que comme le signifie TripAdvisor, la visite d’un Musée est une “attraction” . Je m’assieds dans le couloir des T’empesta, renonce aux Boticcelli, mets mes écouteurs et écoute avec délices, les A voix nue de André Wilms. Quelle intelligence et quelle drôlerie. Je l’avais vu pour la première fois interpréter les Sonnets de Shakespeare il y a 100 ans. Tiens je regarde quand c’était…
“Il n’est pas d’expression plus vive et plus cruelle de l’amour”, disait Pierre Jean Jouve, des Sonnets de Shakespeare, superbement joués par André Wilms et Jorge Silva Melo. ” Oh 1989 !
Il me semble qu’il y avait Joëlle Leandre qui jouait et que la scène représentait la Mélancolie de Durer. Je me trompe peut -être. C’était les Ambassadeurs? Oui Holbein.
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