Rudolph Tegner

Lisant Souvenirs dormants de Modiano, ou plutôt le relisant avec plaisir ( je crois ne me souvenir de cette lecture que du blouson bleu en faux léopard du frère peu recommandable d’un des personnages.) Bref alors que je devisais, allongée près de la cheminée, pieds chaussés de chaussures de marche à venir ( ou pas ) -sur les fantômes et ces personnes qui ressurgissent ( hier une lettre est arrivée pour moi à la galerie. J’ai demandé qu’on l’ouvre. C’était un mot de Henri Darasse . De Darasse ne me vient à l’esprit que Jean-Pierre, acteur bien connu et bien oublié. Et François son fils photographe. Dans le mot il est dit que nous nous sommes rencontrés à la Villa Médicis. Aucun souvenir. Aucun. Et cette semaine aussi j’ai reçu une photo où l’on me voit très attentive à écouter un homme assis en face de moi. Mais qui est-ce ?. Maigres indices que les gâteaux sur la table, une bouteille de vin grec. J’ai connecté avec Saint-Denis . Et il y a MT sur la photo. C’était une fête des voisins dont j’ai tout oublié. Parfois des gens viennent vers moi et je n’ai rien gardé en mémoire alors qu’il semblent bien se souvenir de quand et quoi et comment … C’est curieux. Donc en lisant Modiano, je repensais à ces présents effacés, Pff disparus. Tout comme je repense parfois au dernier rendez-vous avec quelqu’un de pourtant proche et qu’on n’a jamais revu. Qu’on a oublié ou effacé et qui ressurgira peut-être: méconnaissable comme je le suis probablement.

Donc , au moment où Modiano parle du souvenir qu’il a d’un homme au nom Turc qui dans les années 60 donnait une fête chez lui pour les danseuses et les danseurs (Noureev, Béjart, Babilée, Yvette chauviré , etc…)/ PS Je dois demander à Jean G…./ puisqu’il est écrit au stylo à bille bleu dit Modiano: 11, quai de la Gironde 11 ème arrondissement/ amram R.Combat 73.14/ ( sais pas ce que ça veut dire ) Mouyal Matathias…. Et pour m’assurer que ce souvenir était bien réel, j’avais cherché dans un annuaire le nom et l’adresse de cet homme,Mouyal Matathias!

Mon sang ne fait qu’un tour car soudain je me souviens de Roger, hilare répétant en imitant une voix et un accent: Mouyal Matathias. Mâttttathiâssss Mouyâlllll…

Depuis 1949, le Parisien Matathias Mouyal va chaque soir au spectacle. Et retourne voir inlassablement ceux qui lui plaisent. «J’ai assisté 25 fois au “Don Carlos” monté par Margarita Wallmann, 50 fois à Jeanne au bûcher’, avec Jean Vilar. Les artistes m’avaient surnommé Le Fidèle”. Comme les autres «accros» du chant, cet ancien chef comptable fréquente assidûment loges et coulisses, en fin de soirée. Avide d’autographes, de dédicaces et de photos avec les stars. Parfois, la constance ou l’insistance lui permet d’accéder au rang d’ami “( dans un article: Les groupies des divas )

Ça y est je me souviens! Il apportait aux acteurs dans leurs loges et dans celle de Roger des délicieuses pâtisseries orientales . Ce dernier les rapportait à la maison et à ma mine étonnée me disait: —C’est de la part de Matathias Mouyal ! Mâttttathiâssss Mouyâlllll !!!! et on riant en léchant nos doigts plein de sucre.

MOUYAL Matathias 14-07-1928 / 28-03-2010 pas Turc mais Marocain.

Merci cher Mâttttathiâssss Mouyâlllll !!!! pour ces sucreries!.

Je pense en lisant cet article sur les groupies, à une soirée au théâtre Edouard VII. Nous avions été invités à voir une pièce où jouait le national Johnny Hallyday (Pour la première fois en 68 ans, Johnny Hallyday  est monté sur les planches d’un théâtre. Hier, Mardi 6 septembre, à Paris au  Théâtre Édouard-VII dans le IX ème arrondissement, le monstre sacré du rock français a joué dans « Le Paradis sur terre », mis en scène par Bernard Murat.  La pièce est un drame de Tennessee Williams qui se déroule aux Etats-Unis dans les années 1960. ) J’avais donc demandé aux ouvreuses en lançant un oeil dans la salle s’il y avait beaucoup de sosies, ce qui est une autre affaire. Mais les sosies sont aussi des groupies. Après être allés embrasser JH ( que je dois confesser j’avais trouvé très impressionnant/ Son regard/ Son silence ), nous avons quitté théâtre et avons vu à la sortie des artistes et qui attendaient les Hommes-Johnny/ certains mesurant 1 m 60, d’autres 1m 90… ce qui nous avait fait sourire. Repassant devant le théâtre quelques deux heures plus tard, nous avons vu un Homme – Johnny, le dernier des Johnny de ce soir là, qui attendait sous la pluie , au même endroit, avec un bouquet de fleurs à la main. Je me souviens avec un peu de tristesse de ce tableau nocturne et humide. Le vrai JH était bien loin, évacué par une sortie dérobée.

Bon. Je peux reprendre ma lecture de Modiano. 15h. Irai-je marcher? Heu… Non. On part demain.

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