30 Mars/ “Fuck abstraction”

Viviers/ près cheminée/ temps variable

Je viens de terminer mon troisième livre de Jonathan Coe. Si le Billy Wilder et moi m’avait séduite, puis l’Heritage à l’anglaise intéressée de par la description d’une époque, et la saga que représente ce bouquin, Bienvenue au club m’a pas mal ennuyée, ou ennuyée assez souvent ou pas ennuyée? . Les imbrications de personnages, qu’on saisit puis que l’on perd, ou qu’on oublie ( zut c’est qui ?) ne rendent pas la tâche facile mais là n’est pas le problème. Je crois que ce que je lis, je devrais plutôt le voir: les livres moyens seraient sans doute de meilleurs films.( je pense à la légende de La dame de Shanghai légende ou pas d’ailleurs qui veut que Orson , en panne de scénario, trouve dans une cabine téléphonique , le livre de ce qui deviendrait le film.) Mais je trouve cela finalement bien trop bavard, compliqué. C’est assez malaisé comme construction avec tous ces personnages, le présent et le passé, les ascendants, les événements …. Bref vais je en entamer un autre. Ou pas. la suite est je crois cercle fermé

J’ai travaillé à l’atelier et ce n’était pas prévu. Froid mais quand je travaille je n’y pense pas. Je regarde comment faire une baie vitrée maintenant que je suis chez moi.

Dans les événements récents à part France-culture quittée pour FRANCE MUSIQUE, la réforme des retraites , l’évènement Myriam Cahn et les cris d’orfraie de la député RN ( ça devient terrible cet esprit de censure. On croit rêver … Et l’argument ” je suis une mère de famille” me hérisse. Exposée au Palais de Tokyo à Paris, l’œuvre de la peintre suisse Miriam Cahn a été accusée de pédopornographie par une députée RN et des associations.

La plainte contre Miriam Cahn et le Palais de Tokyo rejetée

A ce sujet pourrait on dire j’ai eu une longue conversation avec la commissaire de l’expo au FRAC Bordeaux Marie Canet: ( Exposition réservée aux personnes majeures et interdite aux moins de 18 ans ), ce à propos de la peinture qu’ils montrent ( Le grand Méchant loup ) où apparait une croix gammée. La question concernait le pourquoi de ce signe et ceci en vue d’aider les médiateurs à parler au public. Ce que je dis de manière générale est que “ Je peins ce que je veux peindre ” et qu’à la limite la réponse me semblerait suffisante. Mais évidemment que je n’ai pas attendu cet appel pour y réfléchir. A t’on le droit de peindre ce qui a représenté l’horreur absolue. Il est interdit bien sur d’utiliser ce signe à des fins de propagande. La svatiska n’a pas été inventée par le Reich, on le sait, mais le signe est brûlant et en le peignant je le reçois ou le crache (?) comme tel. Dans une exposition , on m’avait suggéré d’ôter “ça “, de recouvrir “ça” car le “ça “enlevait pas sa présence toute possibilité de vente. J’ai refusé et CG m’a soutenue bien sûr . Même si je n’ai pas souffert de la guerre, même si je ne suis pas juive, je peux “exprimer “ce qui m’horrifie, ce qui m’a influencée ( Disney et le Der fuehrer’s face ,( écrit comme tel et non pas führer ) et le N° 36 des Silly symphoniesLes 3 petits cochons ou encore Ducktators ) ou simplement intéressée, à savoir l’histoire, la guerre, les guerres dont j’ai pu entendre des témoignages vivants par mes parents et tantes et aussi Nicole Stéphane, juive, elle. Ce qui m’exaspère c’est la bien-pensance et l’hypocrisie. De plus je suis farouchement contre l’idée que l’on ne peut parler par exemple des Etats-unis que si l’on est américain etc etc. Alors où est la littérature, l’art, où est l’invention si l’on ne peut être ” que de là où on est “, condamné à n’être au mieux qu’un témoin tiède, sans possibilité d’imaginer des vies. Ca me met en colère à vrai dire. Les femmes ne parleraient que des femmes ou plutôt seules les femmes seraient autorisées à disserter sur le sujet, les chinois, les postiers, les agriculteurs.Alors PFFT, plus de théâtre, plus de romans… Bref je suis un peu primaire mais on aura compris. Je ne peux donc pas me décrire comme une souris grise trottinant sur le sol d’un château en chantonnant, car d’une part je n’ai pas l’expérience de ce rongeur et aussi qu’une souris ne chante pas . Je ris seule, un peu mais j’ai tendance à penser que l’étau se resserre et que bientôt on aura droit à 40 mots d’un vocabulaire terne ( à ce sujet je conseille toujours aux étudiants de lire un très fin livre dont je ne trouve pas le titre et qui raconte comment le mot Brun contamine le langage. C’est bien plus bref que le très interessant LTI de Klemperer. ( Matin brun est une nouvelle et un apologue français, écrit par Franck Pavloff )

En parlant de petits livres j’ai une nouvelle fois offert La peinture à Dora, que semble t’il on trouve à nouveau à l’Echoppe je crois et non dans cette horrible édition (le Tripode ? ou sais plus) ( J’avais écrit à l’éditeur pour lui donner mon sentiment sévère. ) Je ne parle pas de RESSENTI mot fort usité que je déteste.

En mélangeant tout ce ce mois passé, j’ai eu grand plaisir à visiter la présentation de Picasso par Paul Smith au Musée Picasso. Je trouve que c’est très réussi et même si objectivement Picasso n’a pas besoin d’être rajeuni -mais qui sait – cette façon de présenter les oeuvres est dynamisante, excitante et pleine de joie et de fraicheur si -avouons le -ces termes ne qualifient pas vraiment ce que nous vivons tous; moments particulièrement angoissants quant à la planète, les guerres, la bêtise et médiocrité ambiantes et l’énergie qu’il faut pour résister pour ne pas être entrainé vers le bas. Il y a de quoi paniquer un peu. Le pouvoir énorme de l’argent, l’argent et l’amour de l’argent qui détruit tout sur son passage… C’est pour cette raison et voyant ce qui nous entoure ( je me sens tellement privilégiée ), j’ai peu de plaisir en général à des discussions avec des artistes qui ne parlent souvent que d’eux, n’écoutent qu’eux et n’ont comme problème qu’eux, tout ceci servi en une plainte continuelle et pénible.

Ce qui est très drôle et que je ne connaissais pas ce sont les interventions de Picasso sur les pages de Vogue. Je disais aux étudiants en citant Calder et bien sur Picasso, que pas besoin d’être barbant pour montrer ou démontrer notre intelligence. Seuls les cons font cela, employant des mots compliqués à la Trissotin” voiturez moi ici les commodités de la conversation “. J’en ai un exemple récent aussi désopilant que triste et dans le bouquin de Coe, il y a des pages savoureuses quant au langage et la possibilité des mille formules tarabiscotées pour paraitre savant. ( le contexte, un professeur charme une mère venue au conseil de classe, par ses mots tarabiscotés. Le mari trompé se met alors en quête d’un nouveau langage pour devenir ce qu’il croit être un érudit ) C’est très drôle. Il y a beaucoup de moments ou l’on sourit chez Coe, il faut être honnête. Des situations absurdes, ou tellement inattendues. Il suffit d’aller voir aussi Scarabocchi pour comprendre qu’un dessin ingénu n’est pas signe de bêtise et encore une fois, le mot Gribouillage me semble péjoratif.

jonathan Coe

Il y a eu aussi l’étrange exposition “Neo-romantiques je crois, où même si ( allons je le dis ) les peintures sont pour la plupart atroces, il est intéressant de voir et découvrir ces artistes contemporains de Picasso, Duchamp, Léger. Etc…C’est assez réactionnaire dans l’ensemble mais cela a du charme y compris les peintures moches de Christian Bérard lui qui est si génial dans ces inventions de décors. C’est vraiment étrange, des types comme Eugène Berman. Ca m’intéresse beaucoup, ce rapport étroit avec le décor de théâtre.

Hier visite au Musée d’art contemporain de saint-Etienne , situé au milieu de nulle part, et un nulle part moche. Peu importe. Deux très belles expositions : MARC CAMILLE CHAIMOWICZ / Zig Zag and Many Ribbons

L’artiste prend pour point de départ l’histoire industrielle du territoire stéphanois, le MAMC+ et ses collections entre art et design. Présentant ces objets mêlés au cœur de mises en scènes, entre environnements et aménagements d’intérieurs, il déploie un parcours sur plus de 1000 m² et sept salles consécutives, telles les séquences d’un scénario sur mesure : Zig Zag, Rachel et Graham, L’entrepôt, Peintures 1, Peintures 2, Du Textile, …Many Ribbons.et THE HOUSE OF DUST / Collections au féminin 1960/ 2020

Ensuite nous sommes allés à Firminy voir Le Corbusier. Les maquette oui, la réalité m’est moins sympathique je dois dire. L’église à l’intérieur assez terrible. puis des escaliers raides et des angles brutaux. Les petites portes d’aération dans le couloir du centre culturel m’ont plu. Les théâtres demandent un solide sens de l’équilibre. Ca m’a rappelé à Vicenza, le théâtre Olympique aux gradins si raides mais sublime. Une autre histoire.

J’aime bien regarder des films qui sont cités par des écrivains. Résultat House of Blood avec Vincent Price. Du grand guignol génial et Shakespearien. Vincent Price en vieil acteur vengeur est parfait et les costumes et le décor, et le sang, et les perruques et les armes du crime; Le chariot qui supporte deux poignards destinés à foncer sur la victime et lui crever les yeux. Chaque crime est la réplique d’un châtiment chez Shakespeare,

Puis j’ai acheté un petit vre de Vila-Matas ( j’avais il y a longtemps beaucoup aimé Le mal de Montano. Il est question du travail de Gonzalez Forster ( à vrai dire je n’ai jamais su si cela m’intéressait ou pas, pensant que c’était davantage de la littérature qu’autre chose) Bref est cité le film So long at the fair, Film de Terence Fisher avec Dirk Bogarde jeune . La disparition d’une chambre, ici la 19 ou la collection de chambres comme dans “ le secret derrière la porte “, ça me plait !!!

Demain c’est le retour, Lundi Barcelone, Mardi RV à l’atelier puis Beaux-arts et Mercredi Bologne.

Retour en haut